Saverio Lucariello
Saverio Lucariello
On ne sait trop, de la palabre à la pure exhibition, ce qui anime le plus les exubérantes figures que Saverio Lucariello peint, sculpte ou expose, purement et simplement, à notre regard ébahi.
Ce qui s’y échange, au prix de toutes sortes de métamorphoses inattendues, participe d’une éloquence dont on a largement perdu le sens, et qui nous rappelle en permanence à notre double nature organique et loquace, lacée et entrelacée, celle de temps peut-être primitifs, autant que d’une époque réputée savante dont les facéties lasses et convenues s’épuisent dans les nouveaux salons de la culture et de l’art.
En vérité, Saverio Lucariello n’a pas d’âge, et si son âge reste néanmoins celui de l’art et des artistes, c’est pour en jouer de manière hybride, grinçante ou sensuelle, inconvenante ou désinvolte, sans céder à l’amertume ou à la griserie qui divise les contemporains, selon ce qu’ils y célèbrent, d’une fin accueillie ou redoutée.
Autrement dit, Saverio Lucariello n’est ni « moderne » ni « post-moderne », que sais-je encore ? et ses contemporains à lui se logent dans les recoins les plus divers de l’histoire de l’art, de Bosch à l’âge baroque ou à De Dominicis, de Gracian à Manganelli en passant par Carmelo Bene.
Chatouilleux, il sait aussi chatouiller, peut-être jusqu’à l’exacerbation, les endroits où ça démange – artistiquement et intellectuellement -, à l’image de ces touffes de poils suspendues et virevoltantes qui agacent ses Vénus à l’antique ou son sublime Cube d’or.