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Sarkis Inclinaison

Le catalogue de l’exposition «Inclinaison» du musée Bourdelle revient sur la manière dont l’artiste Sarkis a investi les œuvres et le lieu, ancien atelier du grand sculpteur.

Information

Présentation
Juliette Lafon, Jean-Philippe Antoine
Sarkis Inclinaison
 
Né à Istanbul dans une famille arménienne, Sarkis vit et travaille à Paris depuis 1964. La mémoire, l’interprétation, la transmission sont au cœur de son œuvre. Ses installations confrontent, dans un dialogue avec le temps et l’espace, des objets aux provenances hétéroclites, œuvres d’art, artefacts, découverts au hasard de rencontres et chargés d’histoire. Elles embrassent peinture, sculpture, film, son, musique. Conçues en fonction d’un site spécifique, et néanmoins autonomes, elles proposent une mise en place scénique de ces éléments.

À l’occasion de sa rencontre avec le musée Bourdelle, qui a eu lieu du 26 janvier au 3 juin 2007, Sarkis a présenté dans les espaces qu’il a choisi d’investir un ensemble d’œuvres inédites. L’artiste a renoncé cette fois aux objets de son «trésor» constitué et s’est approprié les salles et les œuvres de Bourdelle, selon différents modes, en contrepoint de l’œuvre du sculpteur. Comme il aime à le faire, Sarkis a invité à ses côtés deux jeunes artistes, Patrick Neu et Jean-Marie Perdrix.
L’artiste a conçu pour le Hall des plâtres une installation dans l’espace, Inclinaison. Très spectaculaire, cette œuvre prend en compte le lieu dans sa globalité et aborde, notamment par une interrogation sur l’échelle, à l’aune du Centaure mourant (1914), figure récurrente dans l’œuvre de Bourdelle, la problématique de la sculpture. Un film inédit, Au commencement, la lumière, de 6 minutes, réalisé en 2003, est projeté dans la salle adjacente. En écho discret à l’atelier de son hôte, ce film évoque l’atelier de Sarkis et montre en négatif couleur les objets comme délivrés de leur pesanteur.
Les quatre salles en enfilade situées au cœur du musée abritent une œuvre conjuguant sculpture et peinture, quarante et une bombes d’aquarelles et leurs sucriers ; sur quatre tables de bois sont posés quarante et un bocaux de cinq litres remplis chacun d’aquarelle pure de couleur différente, et quarante et un sucriers en porcelaine de Limoges dont les couvercles sont placés à proximité. Chacun de ces sucriers présente le résidu séché d’une infime touche de pigment déposée dans l’eau à l’aide du pinceau.
La salle de l’extension accueille un environnement sonore, La Vallée des Cloches (Miroirs, N°5), pièce pour piano de Maurice Ravel. Sarkis sollicite également l’odorat : le visiteur évolue dans les effluves d’un parfum que dispense Pénélope (1912) de Bourdelle.

Jean-Marie Perdrix s’inspire de la technique ancestrale de la fonte. Il présente dans l’ancien appartement de Bourdelle des yaba (répliques de figures totémiques), djembé, piquets, issus de moulages de ces objets. Fabriqués dans une pâte provenant du recyclage de sacs plastiques récupérés en Afrique — procédé mis au point avec le concours d’un artisan du Burkina Faso —, ces travaux témoignent du contexte réel de leur production en même temps que d’un élargissement de l’activité artistique de l’artiste.
Dans la salle jouxtant l’atelier de Bourdelle, Patrick Neu présente un ensemble de verres à pied en cristal. Les dessins exécutés au noir de fumée sur la paroi interne de ces pièces, sans possibilité de repentir, reproduisent en réserve les miniatures d’images de référence de l’histoire de la peinture telles que L’Enlèvement des Sabines de David, La Montée au calvaire de Bosch, Héraklès archer de Bourdelle…

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