L’exposition « Permanent déplacement » au Fonds régional d’art contemporain Grand Large – Hauts-de-France rassemble des images et des sculptures de Sarah Feuillas et une Å“uvre photographique d’Aglaia Konrad, reliées par un même intérêt pour l’architecture et les paysages.
« Permanent déplacement » explore l’instabilité de la matière
Le titre de l’exposition, « Permanent déplacement », renvoie à plusieurs évocations. Il fait tout d’abord référence au principe physique qui veut que la matière soit instable, inéluctablement vouée à la dispersion et à l’usure. C’est en effet à ce phénomène que se confrontent Sarah Feuillas et Aglaia Konrad, à travers des photographies, sérigraphies et sculptures pour la première et à travers des vidéos et photographies pour la seconde.
La pratique de Sarah Feuillas et d’Aglaia Konrad a pour objet la géologie des sites, qu’elle reformule en en isolant les aspects formels et rythmiques, révélant ainsi leur dimension narrative. Les deux artistes explorent en particulier l’architecture et les paysages qui ont été transformés par les hommes et s’appuient pour cela sur la photographie qui leur permet d’effectuer des repérages, de choisir des angles, d’isoler des détails et des formes.
Sarah Feuillas et Aglaia Konrad s’intéressent à la dimension narrative de l’architecture et des paysages
La photographie Oush Grab de Sarah Feuillas, prise en Cisjordanie en 2013, s’inscrit dans une série de photographies de territoires qui ont été bouleversés, qu’il s’agisse de zones de frontières ou de conflits, de lieux désaffectés ou réaffectés, etc. On discerne sur le cliché un fragment architectural dont la nature n’est pas clairement définie : ce qui fut peut-être un balcon devient une forme qui se détache sur un paysage désertique fait de débris et de cailloux, eux aussi confondus.
La sculpture en bois Basement, forme renversée et comme tombée d’un édifice, fait écho à la photographie Oush Grab, de même que la série de sérigraphies sur verre intitulée Test (All The Houses You Can Live In), qui télescope des images d’architectures inachevées et de ruines, également photographiées en Palestine. Les œuvres de Sarah Feuillas sont mises en regard du triptyque Carrara Cut d’Aglaia Konrad : des photographies en noir et blanc prises dans des carrières de marbre de Carrare en Italie découpées tels des blocs de marbre ont ensuite été collées selon des suites linéaires discontinues sur des plaques d’aluminium. En déconstruisant et reconstruisant les vues de sites qui forment la source de la sculpture et de l’architecture, Aglaia Konrad illustre le processus de transformation du paysage en tant qu’acte culturel.