Franck Eon
Sans titre
Lorsque l’on tente de faire dialoguer des images, le nerf du problème consiste toujours à ne pas leur faire tenir un discours trop univoque. Comment faire «dire» autre chose au Sociology Professor de John Currin sans produire un discours sur l’art? Comment faire «dire» quelque chose à une couleur sans poser un système de concordances sémantiques trop rigide (cf. Herbin par exemple)?
La solution de Franck Eon est la suivante: détruire la signification et retourner au sens de surface. On doit à Saussure d’avoir distingué les éléments de la langue: le signe linguistique se décompose en un signifiant («l’image acoustique ») et un signifié («le concept»).
L’image est donc, dans la langue, univoque: toute sa nature est de renvoyer à un concept. Une image acoustique: un concept: une signification. Celle-ci fonctionne donc dans le sens de la profondeur: l’image désigne un concept qui se cache derrière elle, elle doit disparaitre pour le désigner.
Le sens fonctionne au contraire dans l’élément de la surface. Rendre aux images leur capacité à tenir un dialogue, sans pour autant leur faire désigner un concept univoque, cela veut donc dire: les ramener à la surface, détruire la profondeur et son jeu bien réglé de significations de manière à libérer le sens.
Ce dernier est le principe vivant: la signification, c’est du sens mort, cristallisé ou figé. La méthode serra en définitive assez simple: faire proliférer les images, les démultiplier, les citer, les déformer.
On verra plus loin dans quelle mesure tout cela implique un rapport dialectique avec le monde: celui, objectif, où les images circulent, et celui des images elles-mêmes.