Martine Pisani
Sans
Nous cherchons la manière d’«être» dans un espace de représentation en privilégiant un comportement ludique contre toute psychologie ou dramatisation.
Passant d’une situation à l’autre, nous traversons des états, des sentiments et des mouvements souvent contradictoires. Quelle est la part du vrai et du faux, du naturel et du jeu dans un spectacle ?
Martine Pisani
La danse de Martine Pisani interroge la liberté et la pertinence du mouvement en une poésie alerte, dénonçant les stéréotypes attachés à la représentation. Elle s’amuse à déjouer le spectaculaire, épinglant le vain artifice de la prouesse en autant de pirouettes ironiques. Quand il est seul en scène, le danseur se livre alors en courtes phrases décousues, à défaut de trouver refuge dans un confortable mimétisme. Il arrive à s’exposer au regard, voire même à le soutenir, dans la plus grande mise à nu. La représentation réussit à faire don dans le mince espace du non-dit et de l’immobilité.
Chorégraphie: Martine Pisani
Interprètes: Theo Kooijman, Laurent Pichaud, Olivier Schram
Costumes: La compagnie du solitaire
Régie: Ludovic Rivière
Spectacle créé en avril 2000 à la fabrik, Potsdam
Production: La compagnie du solitaire
Coproduction fabrik/Potsdam, Le Vivat/Armentières
Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication-DRAC Ile de France, de l’ADAMI, de l’Onda – Office national de diffusion artistique avec l’aide du Centre National de la Danse pour le prêt de studio
Nourrie de ses rencontres successives – David Gordon, Yvonne Rainer ou encore Odile Duboc, qu’elle cite volontiers comme les plus marquantes -, de sa participation aux activités du groupe Dunes à Marseille, la danseuse autodidacte des années 80 devient chorégraphe au début des années 90 en fondant sa compagnie. Pièce après pièce, elle travaille par ricochets et par rebonds, s’attachant le plus souvent à creuser une piste dont le potentiel n’aurait pas été suffisamment exploré lors d’une étape précédente. Elle adopte rapidement comme postulat que le simple fait de réfléchir est déjà une action. Cohérente, elle garde aussi toujours à l’esprit qu’il y faut du jeu pour mettre les corps et la réflexion en mouvement. C’est avec ce détachement caractéristique que Martine Pisani cherche l’espace entre. Elle cherche l’espace nécessaire pour que le sens reste ouvert. Entre être et jouer, elle cherche la bonne distance. Et elle démontre que pour savoir jouer, il faut parfois s’y prendre avec sérieux.