ART | EXPO

Salto arrière

07 Nov - 27 Déc 2015
Vernissage le 06 Nov 2015

Les travaux de Bernard Lallemand combinent l’organique et le technologique, les corps et leur instrumentalisation biopolitique, les réseaux mentaux et les structures sociales. Si le souci de l’hybridation côtoie une imagerie singulière, tout en affleurant à la contemplation et la méditation, les formes et les configurations finalement transgressent leur lecture première au profit, parfois, d’une dimension tragicomique.

Bernard Lallemand
Salto arrière

L’artothèque de Vitré invite Bernard Lallemand à présenter une exposition d’oeuvres récentes composées de différents médiums (vidéo, photographie, sculpture) et regroupées sous le titre de Salto arrière. Derrière cet intitulé se cache l’inéluctable chute particulièrement visible dans ses photographies.

Si l’on peut imager dans chaque saut périlleux, la montée et la rotation préalables aux prises de vue de Bernard Lallemand, celui-ci nous livre un corpus de réceptions malheureuses. Son propre corps mis à nu n’est qu’une représentation d’une succession de chutes répétées nous renvoyant à la mythologie grecque et à la tragique disparition d’Icare, fils de Dédale. Ne pouvant emprunter la voie des mers que Minos contrôlait, Dédale eut l’idée, pour fuir la Crète avec son fils, de fabriquer des ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées avec de la cire et des plumes. Malgré les avertissements de son père, Icare grisé par le vol et attiré par la lumière s’approcha trop près du soleil provoquant ainsi la fonte de la cire de ses ailes. Il mourut précipité dans la mer qui depuis porte son nom.

Dans une autre mer, faite de talc, (Une mer de talc, 2012, 2013, vidéo de 24mn et 37 s), Bernard Lallemand réalise une toute autre expérience: celle d’un retour mental et sensible aux sources génitrices. Cette expérience sensible d’une régression ad uterum est semblable au voyage souterrain de Robinson décrit par Michel Tournier dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Travaillé par une angoisse intérieure, une perte du sens de la vie, Robinson se hasarde dans la faille d’un rocher puis dans une grotte alvéole destinée à recevoir une chose « fort complexe » qui n’est autre que son propre corps. L’homme redevient un foetus lové dans «l’intimité rocheuse de l’île»; il perd son individualité comme le nouveau-né qui ne distingue pas encore le sujet de l’objet.
Enfin, un ensemble d’objets et d’images présenté sous la forme d’une installation révèle la présence du corps (à travers des objets), sa vulnérabilité, sa chair, son squelette mais également ce qui pourrait être son exosquelette par une sa tragicomique tentative d’hybridation. Cette exposition clos un chapitre que l’artothèque de Vitré a développé cette année autour de la représentation du corps humain.

 

AUTRES EVENEMENTS ART