Guillaume Pilet
Saga
«L’homme est un singe pour l’homme»
D’emblée, le titre de l’exposition annonce une dimension épique. Rien de bien héroïque pour autant. L’épopée se situe à différents niveaux: dans une relecture fascinée de l’évolution de l’Homme, dans une interprétation iconoclaste de l’histoire de l’art, dans une vision personnelle et critique du monde des images ou encore dans une réflexion amusée sur la condition de l’artiste.
Les projections sur le passé, les spéculations, fantasmes et autre mécanisme de fétichisation, l’empathie critique envers les utopies d’antan, la mise en péril des critères de goût, la mystification et le révisionnisme, tout est lié dans une dynamique positive de singerie et de chaos, dont l’entropie est peut-être le propre des grandes sagas.
Guillaume Pilet, artiste suisse né en 1984, se joue des statuts (peintre, céramiste, photographe, dessinateur, commissaire d’exposition, éditeur..), des médiums et des genres. Art, artisanat, culture savante et culture populaire, art primitif, formes de présentation académiques ne sont pas pour lui antinomiques. Tout se côtoie, se nourrit et s’enrichit. Cette boulimie formelle et stylistique brouille le regard, perturbe l’entendement, interroge.
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Alain Gutharc, Guillaume Pilet présentera un ensemble polymorphe: des toiles circulaires crées par l’utilisation de la technique traditionnelle du batik qui produit dans ses nuances rayonnantes l’image d’une oeuvre cinétique maladroite. Une abstraction d’abstraction…
Des peintures au motif de mur en briques qui s’attachent autant au trompe l’oeil qu’à la peinture post-moderne ou au décor de sitcom. Sérialité, abstraction démentie ou suggérée, mauvais goût et déplacement…
Des céramiques qui s’inscrivent dans la lignée de l’abstraction géométrique, d’autres qui évoquent l’art primitif, ou reproduisent des sujets à priori incongrus à l’Histoire de l’Art, (une chaussure «Nike TN» —  modèle fétichisé par une communauté de gays de cités, marginaux parmi les marginaux), le buste de l’historien d’art Aby Warburg, ou encore «Ida (the former missing link)», qui matérialise le dernier maillon commun des deux lignées ayant mené, pour l’une aux singes (dont les hommes) et pour l’autre aux lémuriens… Ainsi se perçoit l’idée de «saga», d’histoires légendaires ou contemporaines que s’approprie l’artiste pour l’exposition.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Anne Lehut sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Saga