Le Jeu de Paume présente au château de Tours une rétrospective de l’œuvre de Sabine Weiss, dernière représentante de la photographie humaniste française. Toujours en activité à plus de 90 ans, elle a ouvert pour la première fois ses archives personnelles, pour en extraire près de cent trente tirages, des films, et de nombreux documents d’époque qui retrace sa carrière prolifique.
Le parcours de l’exposition aborde les multiples facettes d’une œuvre qui a abordé tous les domaines de la photographie: le reportages le portrait d’artistes, la mode, la publicité et les clichés personnels.
La salle consacrée aux scènes de la rue parisienne présente le travail de Sabine Weiss au sein de l’agence Rapho qu’elle a rejointe vers 1952 et où elle côtoie des
photographes comme Robert Doisneau et Willy Ronis. Ses clichés sont représentatifs de l’école humaniste française qui fait de la vie quotidienne et de l’homme de la rue ses sujets favoris. En témoignent la photographie de jeunes amoureux s’embrassant dans un terrain vague en 1950 ou encore L’homme qui court de 1953. Elle capte dans son quartier de l’Ouest parisien des images qui nourrissent aussi bien des reportages que des séances de mode, des sujets politiques ou des travaux personnels.
La suite du parcours révèle l’importance de la figure de l’enfance chez Sabine Weiss, une fascination qui s’exprime dans ses essais personnels dès 1949 et se poursuivra toute sa vie. La sale intitulée Enfances expose une sélection de photographies d’enfants des rues prises dans les années 1950. On y lit une identification de la photographe qui s’intéresse moins aux jeux et attitudes des plus jeunes par amusement que pour la vérité des sentiments qui s’y dévoilent.
On découvre ensuite le travail de Sabine Weiss dans le domaine de la mode, du spectacle, de la culture et de la publicité. Alors qu’à la fin des années 1950, le goût pour la photographie humaniste diminue et que les évolutions sociales ont fait évoluer la presse, Sabine Weiss se consacre intérêt aux nouveaux sujets tels que la consommation, les loisirs, la vie des stars, les arts ménagers ou la décoration. Comme le montre le cliché intitulé Chez Dior, pris en 1958, elle utilise alors presque exclusivement la couleur.
Le caractère naturellement sociable et humanisme de Sabine Weiss la porte à s’inscrire dans le mouvement d’optimisme qui suit la guerre et qui vise une paix durable et la solidarité entre tous les hommes. C’est dans cette perspective qu’elle réalise des reportages pour divers magazines et journaux internationaux où elle photographie le quotidien des individus au quatre coins de l’Europe, leurs modes de vie et leurs rites. La salle La Grande Famille des hommes présente tirages et publications d’époque qui retracent ces voyages ethnologiques.