ART | EXPO

Rushes

11 Juin - 25 Juil 2015
Vernissage le 11 Juin 2015

Cette exposition réunit les deux artistes Charlotte Moth et Ian Kiaer. Ils ont en commun le goût pour l’étude, patiente et attentive, de bâtiments, d’archives et de créations audacieuses conçues pour des hommes et des femmes qui aiment la lumière et les lignes dures, mais toujours compensées par des manifestations organiques de toutes sortes.

Ian Kiaer, Charlotte Moth
Rushes

Charlotte Moth et Ian Kiaer ont en commun ce goût pour l’étude, patiente et attentive, de bâtiments, d’archives et de créations audacieuses, tournées vers les autres, conçues pour des hommes et des femmes qui aiment la lumière et les lignes dures, mais toujours compensées par des manifestations organiques de toutes sortes, prises en compte dès l’origine des projets.

Ce sont des pratiques calmes et horizontales qui fragmentent leurs œuvres par goût de la liberté, de la recherche et de l’expérimentation toujours active, pendant l’accrochage et durant la vie de l’œuvre, qu’elle soit soumise à des changements d’état ou pas.

Les travaux de Ian Kiaer et Charlotte Moth sont le résultat de théories inconciliables, de tératologie minimaliste ou encore de chimères littéraires qui ne sont jamais un tout mais le résultat visible, non d’un mélange, mais d’une espèce de collage. On peut les considérer comme les créateurs d’un art «contre-nature», capables de réécrire une histoire de l’art parsemée de descendances hybrides, comme des erreurs qu’une nature avisée s’empresserait de faire disparaître. Ce n’est pas l’unicité perdue qui les intéresse, mais ce bel air factice de l’objet doté d’une nature sans doute un peu monstrueuse, parfois jumelée, souvent morcelée.

Dans le film de Charlotte Moth, Filmic Sketches, se répondent plantes en pot et luminaires, monolithes et lithographies, nature domestiquée et sauvage, dessin d’enfant et architecture moderniste. Plutôt que de fonctionner par oppositions, et même si l’art est bien une question d’artifice, les artistes pensent plutôt ici à un continuum entre éléments naturels et artificiels.

Dans l’installation de Ian Kiaer, a.r. petit théâtre, créée pour le Centre d’art et du paysage de Vassivière, l’artiste avait combiné les éléments de telle façon à ce que notre regard circule de la maquette du barrage posée par terre à la petite peinture représentant la nature sur le mur, à la fenêtre créée par Aldo Rossi dans la salle à travers laquelle on pouvait effectivement voir le barrage et le paysage autour du lac.

Il s’agit pour Ian Kiaer comme pour Charlotte Moth d’adopter une posture de modestie, à travers une pratique d’assemblage entre des éléments qu’ils récupèrent ou qu’ils fabriquent, et ceux que leur donne directement leur environnement visuel. Du point de vue de l’art, cela reste du collage, mais un collage avec des éléments extrêmement hétérogènes, qui vont de la bâche enduite de peinture au point de vue sur le paysage (naturel ou architectural).

Les pratiques de Ian Kiaer et Charlotte Moth seraient des systèmes de réécriture, associés à une méditation qui a recours aux ressources de la mémoire cultivée et à des exercices pratiques, qui consistent à étudier les volumes, les couleurs, les surfaces et les interactions entre ce qui est déjà là, dans un espace donné, et ce qui est ramené dans ce même espace avec l’aide des sens. Comme l’artifice ramène forcément la question de la nature au centre des réflexions, l’empiétement d’un art sur un autre, pratiqué par les deux artistes, réintroduit la dispersion et le doute, au cœur d’une histoire de l’art remplie de maîtrise et de maîtres spirituels.

Dans leurs œuvres se dessine un soulagement esthétique, à partir de l’art d’extraire un «sublimé», issu de matériaux apparemment incompatibles, pour s’opposer par l’ingéniosité et l’artifice, la synthèse et le plaisir, à la dissociation et la dispersion qui menacent toute création.

Ian Kiaer est né en 1971 à Londres où il vit.
Ian Kiaer est née en 1978 à Carshalton, Royaume-Uni. Elle vit à Paris depuis 2007.

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