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Rúrì

30 Août - 02 Oct 2004

Des cascades islandaises en voie de disparition et dont les photographies sont recouvertes d’un film transparent, disposées entre deux plaques de verre et étiquetées, comme pour garder une trace. Des images qu’il faut découvrir soi-même car intégrées à un dispositif interactif sonore. Et une installation aquatique.

Communiqué de presse
Rúrì
Rúrì

Rúrí, qui a débuté sa carrière d’artiste il y a trente ans, fut remarquée par le public international lors de la Biennale de Venise en 2003 avec l’œuvre Archive – endangered waters, installée dans le pavillon islandais des Giardini.
Aujourd’hui elle expose pour la première fois à Paris Archive – endangered waters au Passage du Désir dans le 10e arrondissement et Limpide, de nouvelles œuvres photographiques, chez Colette.
Archive – endangered waters est une installation multimédia interactive, une ode à la nature et une méditation sur sa valeur dans le monde moderne. L’œuvre est une sorte de banque de données de 52 cascades dispersées dans le centre sauvage et magnifique de l’Islande, photographiées par l’artiste au bord des torrents glaciaires et des rivières d’eau claire. Les photos ont été développées sur des films transparents et montées entre deux plaques de verre. Chacune glisse verticalement à l’intérieur d’une imposante et froide structure d’acier, créant ainsi un dispositif d’archivage. Toutes les photos sont étiquetées d’une façon précise et scientifique. Pour les découvrir, le spectateur peut tirer vers lui les massifs cadres d’acier d’un mouvement lisse et aisé, surprenant de facilité au regard du poids de chaque élément.
En s’offrant au regard, chaque cascade fait entendre son chant avec la puissance qui lui est propre. La diffusion des sons est d’un parfait réalisme sonore, et confère à l’image une présence émotionnelle surprenante. Le panneau refermé, le chant s’éteint. Entre murmures rieurs et rugissements assourdissants, chaque cascade possède sa propre voix. Par le jeu des ouvertures et des fermetures, le public compose – ou interrompt – une magnifique symphonie d’eau sonore et visuelle, les images mêlent leurs transparences aux sons résonnant dans l’espace.
L’œuvre vit au rythme de l’action du public. Quand le son s’arrête, une sorte d’angoisse s’installe. Il y a là une prise de conscience symbolique et sensible du pouvoir de chacun sur la fragilité du monde.

Rúrí se place ici dans le rôle du témoin ou du rapporteur et réussit à combiner la technologie et la nature d’une façon remarquable.
Ces cascades qui risquent de disparaître à cause de la construction d’un barrage et d’une centrale électrique, dont l’utilité est très largement discutée en Islande, sont maintenant archivées dans une bibliothèque, comme des livres ou des documents.
Le concept du temps, créatif, destructeur, élastique ou invisible, est constant dans toute l’œuvre de Rúrí. Ici le temps de ces cascades est menacé, nous ne savons pas si elles survivront et si nous pourrons continuer de les admirer et d’entendre leurs voix. Mais l’eau elle-même est aussi menacée, cette eau à l’origine de la vie, qui coule sans fin, se dessèche, laissant derrière elle des sables, des déserts et des nations qui dépérissent. Ressource la plus précieuse aujourd’hui, l’eau – de l’or bleu – est une des préoccupations majeures de l’humanité et l’objet d’un combat quotidien pour des millions de personnes.

Limpide, la nouvelle série d’œuvres photographiques de Rúrí exposée chez Colette à partir du 30 août, a un rapport direct avec Archive – endangered waters. Il s’agit d’une installation de photos d’eau, de transparences, de cascades puissantes, et de l’énergie qui s’en dégage. Le spectateur pourra entendre le son en s’y promenant. Laufey Helgadottir
au 2 octobre

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