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Rue sauvage

Une approche de la critique d’art conçue comme un accompagnement. Un ensemble de textes et d’entretiens comme autant de rencontres subjectives avec le travail d’artistes choisis par affinité : de Bruno Peinado à Tatiana Trouvé en passant par Maurizio Cattelan.

— Éditeur : Les Presses du réel, Dijon
— Collection : Documents sur l’art
— Année : 2003
— Format : 21 x 15 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 107
— Langue : français
— ISBN : 2-84066-084-9
— Prix : 8 €

Avant-propos
par Elisabeth Wetterwald

Si certains des textes qui suivent ont déjà paru dans des revues, tous (à l’exception de « L’art de la chute ») ont néanmoins été écrits dans le courant de l’année 2002 et pensés spécifiquement pour cet ouvrage. Il ne s’agit donc pas d’un « recueil » de textes. Et si aucune thématique n’est déployée, c’est que j’avais envie d’envisager ces œuvres comme des traits pertinents, comme des singularités irréductibles, et en aucun cas de développer des « points communs » qui pourraient servir une approche globalisante. De même que le tout-venant des expositions collectives montre chaque jour davantage à quel point les thématiques proposées par les organisateurs d’expositions sont des alibis qui permettent à certains de justifier des goûts personnels (ce qui, en soi, est tout à fait légitime), à d’autres de donner aux œuvres, et au fait de les regrouper, une caution intellectuelle circonstancielle — au mieux inutile, au pire prétentieuse ou castratrice —, les ouvrages théoriques thématiques ont parfois tendance à instrumentaliser et à simplifier les œuvres au profit d’une recherche qui leur reste étrangère. Mon intention était au contraire de faire communiquer des démarches sans leur imposer de contrat, sans les soumettre à une quelconque loi. Les laisser vaquer en quelque sorte, et qu’elles fassent leur chemin sans moi. Ne pas les enfermer étroitement; leur ouvrir des perspectives. Privilégier l’éclat plutôt que l’effet masse, et les possibilités de dérives plutôt que les certitudes.

En commençant ce livre, je n’avais aucune intention de démontrer quoi que ce soit: je n’avais que des questions, des doutes et des inquiétudes — qui d’ailleurs persistent aujourd’hui, même si c’est sous des formes différentes —; d’autre part, guidée par mon seul désir, je souhaitais me pencher de très près sur des Å“uvres et des artistes avec lesquels j’avais décidé de « faire alliance »…

Certaines d’entre elles, certains d’entre eux sont déjà bien connus, pourra-t-on me reprocher. Je préfère ici devancer de telles considérations. Le milieu de l’art est atteint d’un curieux syndrome qui consiste à ne pas connaître grand-chose tout en étant perpétuellement au courant de tout. Il suffit que tel artiste circule un peu pour que tout le monde prétende déjà le « connaître ». J’ai justement pris le parti ici de ne pas me plier au traitement tyrannique de ce qu’on appelle l’« actualité » (ne pas chercher à dénicher le dernier jeune talent à tout prix, ne pas m’embarrasser avec des considérations qui relèvent finalement plus de la consommation, de la sociologie ou des statistiques — vu/pas vu/trop vu; connu/pas connu/trop connu — que de la critique), pour revenir aux bases, aux faits précis, aux Å“uvres dans leurs détails, aux démarches dans leur histoire et non dans leur apparition intempestive. Quant au choix des artistes, je ne peux le justifier autrement qu’en parlant de « sympathie » et d’« intelligence réciproque » ; de même que je ne peux justifier ma démarche critique autrement qu’en parlant d’un « accompagnement ». Aller avec. Écrire avec — et non pas sur. Partant, j’assume le fait que ce choix ne ressemble à rien…

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Les Presses du réel)

L’auteur
Elisabeth Wetterwald est critique d’art et publie notamment dans Artpress, NU, Parachute, et Zéro-deux. Elle est l’auteur de nombreux texte de catalogues.

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