Présentation
José Maria Gonzalez, Marine Pagès, Julie Enckell Julliard,
Roven n°9. Numéro spécial le carnet de recherches
La neuvième édition de la revue Roven propose une formule thématique intégralement consacrée aux carnets de recherches.
«Qu’est-ce que le carnet de recherches? C’est un objet singulier, lieu de la genèse de la pensée, de la notation immédiate et automatique, de l’introspection, de la réflexion, de la construction d’une recherche, d’un raisonnement.
Il nourrit la création et l’imaginaire et, en cela, il est bien plus qu’un simple outil, mais bien le support d’une découverte et d’une construction de soi.
Le carnet de recherches est lié à l’œuvre dans son ensemble, mais pas forcément à un œuvre en particulier, à la préparation de laquelle il n’est pas assujetti. C’est un objet de terrain et de mémoire, indépendant et autonome et dont le fonctionnement n’est ni chronologique, ni linéaire. Il use indifféremment du dessin, de notes, de diagrammes, de croquis, des plans, de références, d’objets glanés, etc.
Des liens se font et la rencontre de tous ces éléments produit un sens commun où l’artiste construit l’histoire de sa recherche personnelle. Le carnet permet d’assister, après coup, à la construction d’une pensée, de nous rapprocher de l’intention, de la main en train de faire. Il ne délivre pas les clefs de lecture d’une œuvre, mais donne à voir une expérience qui résonne parfois dans le travail artistique.
Les carnets ne sont pas destinés à être montrés. Ils dévoilent une part de soi, ils rendent visible ce qui reste de l’ordre de l’intime. (…)»
Johana Carrier et Marine Pagès
Roven n°9 est née de cette volonté de consacrer un numéro à cet objet si particulier, que les artistes ne partagent que très rarement.
«Tenir un carnet augure la fabrication d’un double, d’un compagnon avec qui entamer un dialogue. Il se fait machine à enregistrer, à commenter, à transcrire. Dans le flux du carnet de recherches, les pages agissent comme l’écran sur lequel les idées se dessinent, où la pensée se donne à voir.
Extraire des parties de ce tout, c’est mettre en dialogue des éléments par leur chose commune. Sélectionner des passages révèle alors, entre ce qui y figure, le dessein de ce qui s’y travaille.»
Camille Bondon