Communiqué de presse
Natalie Lamotte et Schoko
Rouge de
Situé dans le XIe arrondissement au coeur du réseau artistique Paris-Est, l’agence Artegalore dirigée par Stéphanie de Santis et Guillaume Garouste représente des plasticiens, des illustrateurs et des graphistes, et propose un cycle d’expositions qui se renouvèlent tous les 3 mois, dans le but de promouvoir des artistes émergents. L’exposition présente les dernières peintures de Natalie Lamotte et les sculptures de papier de l’artiste japonaise Schoko.
«Par sa peinture, Natalie Lamotte énonce, avec puissance et retenue, avec grâce et sévérité, une nécessité du regard. Non pas une nouvelle problématique de la représentation qui viendrait s’ajouter à celles ayant jalonné l’histoire de l’art mais plutôt une volonté de puiser dans la peinture les moyens d’une reconsidération de notre monde. Les toiles de Natalie Lamotte mobilisent le regard, l’appellent, l’animent et le mettent en vigilance. Il ne s’agit donc pas de construire des images qui convoquent le réel mais bien de montrer que la réalité de l’image est l’accès au réel même. Pour cela, toute figuration et même la volonté d’une transcendance par l’abstraction ne peuvent intervenir. Ce serait rabattre encore la peinture sur la vision. Natalie Lamotte ne fait disparaître ni l’image, ni le signe, mais en donne des équivalents et mobilise ces derniers vers le regard, et le regard vers le réel. Évidemment, ces toiles posent des formes. Elles sont pourtant sans attaches et peuvent être perçues comme autant d’évocations du monde sensible au point qu’il est possible de les lire comme des fleurs, des fragments d’une réalité microscopique soudain révélée, comme ces replis si intimes du corps humain, des lèvres repues de sève ; à moins qu’elles ne soient la violence de la chair mise à nu ? Difficile de trancher. Mais cela est sans importance.
Le propos se situe bien ailleurs : dans ce refus du motif et cet abandon radical d’une logique picturale si fréquente de nos jours. Les images ici ne sont pas des copies, des reflets, ni des projections. Sur de vastes châssis carrés, des formes s’épanouissent. Le fond est d’un blanc pur, lumineux, presque violent. Par contraste, ce qui se présente semble léger, immatériel. Les couleurs hésitent, oscillent entre transparence et opacité, entre la masse obscure d’une forme et le surgissement d’une constellation de couleurs avec ses myriades d’éclats. La couleur est aussi matière. Elle fixe le regard, l’arrête, le contraint à l’examen, à l’attention. Elle est la présence et la limite même de toute image, comme un réel absolu que sont ces masses s’inscrivant dans la toile et que prolonge la violence d’un blanc pur. Ici, un rouge violent. Dans la toile suivante, la même gamme colorée mais diluée dans un jeu de glacis. Ailleurs, dans une série plus ancienne, le bleu fait irruption, semble s’arracher du fond neutre pour finalement sombrer dans d’étonnantes transparences violettes.»
Damien Sausset (extrait du catalogue)