L’exposition « Mon enfant peut en faire autant » à la galerie Anne Barrault, à Paris, donne leurs lettres de noblesse aux dessins d’enfants en réunissant des œuvres réalisées à quatre mains par des artistes et leurs enfants.
L’expo « Mon enfant peut en faire autant » réhabilite le dessin d’enfant
Qui n’a pas entendu, en visitant une exposition d’art, la phrase « Mon enfant peut en faire autant », de la bouche d’un spectateur peu convaincu de la valeur des œuvres présentées ? Une phrase à laquelle semble répondre en contrepoint celle de Pablo Picasso : « Quand j’étais enfant, je dessinais comme Raphaël mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant. » De la même manière, Paul Klee accordait un rôle majeur aux réalisations des enfants en tant qu’œuvres libérées de tout savoir et de toute mode, une dimension quasi primitive qu’il s’attachait lui-même à retrouver.
C’est justement pour réhabiliter le dessin d’enfant qu’a été imaginée l’exposition « Mon enfant peut en faire autant ». Celle-ci trouve son inspiration dans un livre publié en 1972 par Roland Topor : intitulé Un monsieur tout esquinté, l’ouvrage présente une centaine de dessins que l’artiste a réalisés avec son fils Nicolas, âgé de cinq ans. Un entretien entre le père et son fils placé en introduction relève avec humour le peu d’importance qui est traditionnellement et de façon injustifiée accordée aux dessins et aux histoires conçus par les enfants et annonce la volonté de Roland Topor de réparer cet état de fait.
Dessins à quatre mains de Jochen Gerner, Ramuntcho Matta, Roland Topor et leur enfants
Les dessins à l’encre sur papier de Nicolas et Roland Topor comme Corbeaux, Crocodile indien blessé, Deux indiens en canoë ou encore Une petite fille avec un arbre témoignent d’un regard singulier posé sur le monde et illustrent des histoires pleines d’imagination. La collaboration du dessinateur Jochen Gerner avec ses enfants a débuté il y a quelques années avec ses fils Pavel et Caspar et se poursuit aujourd’hui avec sa fille Marta âgée de six ans. Il en résulte un ensemble de dessins réalisés à quatre mains avec chacun d’eux, dans lesquels se mêlent motifs aléatoires, dessins naïfs, lignes irrégulières et phrases tracés à la craie grasse, au stylo bille ou au feutre et formes graphiques aux contours nets réalisées à l’encre de Chine.
On découvre également les dessins de l’artiste pluridisciplinaire Ramuntcho Matta qui reproduit avec ses propres enfants la communication par la peinture et le dessin qu’il entretenait enfant avec son père, le peintre chilien Roberto Matta, le film d’animation que Guillaume Pinard a réalisé avec sa fille Sasha à partir de l’histoire et des dessins conçus par cette dernière, et les dessins réalisés par David B avec son fils Ulysse.