Présentation
Sous la direction de Mouna Mekouar
Roger Parry. Photographies, dessins, mises en pages
Le Jeu de Paume présente du 18 septembre au 18 novembre 2007, sur son site de l’Hôtel de Sully à Paris, une exposition rétrospective consacrée à l’œuvre de Roger Parry (1905-1977), trente ans après sa disparition. Cet ouvrage en constitue le catalogue, qui dévoile, à partir d’une documentation en très grande part inédite, le triple talent d’un artiste méconnu et singulier: le photographe, le dessinateur et le metteur en pages. Avec un point de convergence pour l’ensemble de ses activités graphiques, l’édition, et une rencontre déterminante entre toutes, celle avec André Malraux.
Élève de l’école Germain-Pilon et de l’École nationale des arts décoratifs puis employé aux ateliers d’architecture du Printemps, Roger Parry est aujourd’hui principalement connu pour ses travaux photographiques des années 1929-1932, réalisés dans le compagnonnage de son ami Maurice Tabard. Leur laboratoire de Boulogne-Billancourt puis le studio photographique Deberny & Peignot accueillirent durant ces années leurs expérimentations plastiques, souvent proches du surréalisme, associant prise de vue directe et manipulation à la chambre noire. La parution d’une édition illustrée de Banalité de Léon-Paul Fargue à la NRF en 1930, présentant 16 compositions de Parry, constitue le véritable point de départ — et peut-être le chef d’œuvre — de sa carrière de photographe. Cet ouvrage, qui lui vaudra également la reconnaissance de ses pairs (nombreuses publications, expositions et commandes dans les années 1930), avait déjà été réalisé sous le regard d’André Malraux, alors directeur artistique de la maison d’édition.
Roger Parry était en relation avec la NRF depuis 1927. Il dessina pour l’éditeur des affichettes de librairie et des placards publicitaires, ainsi que de nombreuses couvertures, de collections populaires et fut le photographe attitré de ses auteurs (de Saint-Exupéry à Marguerite Duras). Si son talent d’illustrateur est perceptible dans ces créations éditoriales, il apparaît plus nettement encore dans les extraordinaires séries de dessins qu’il rapporta de ses multiples voyages (Afrique, Tahiti et Pays-Bas dans les années 1930), planches dont il n’envisagea jamais sérieusement l’exposition publique, à l’inverse de ses photographies de reportage. Ces dessins révèlent pourtant un authentique talent, singulier par la verve qui se dégage d’un trait expressif, à la manière d’un George Grosz. Parry poursuivit après-guerre ses reportages hors frontières, dans le cadre du service photographique de l’Agence France Presse (New York en 1945, Moscou en 1947).
Mais ces années d’après-guerre seront surtout marquées par un travail désormais assidu pour et avec André Malraux, autour de ses écrits sur l’art chez Skira puis chez Gallimard (La Psychologie de l’art, Les Voix du silence, Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale) et de son grand dessein éditorial, la collection «L’Univers des formes», histoire universelle des arts dont l’origine remonte à 1955. Il apparaît désormais nettement que les intuitions de Malraux quant à la mise en œuvre éditoriale de sa conception de la création artistique et de sa diffusion ont trouvé dans la fréquentation de Parry un écho sans pareil, source d’un échange fructueux. Tous deux partageaient le sens de la mise en scène du document, porteuse d’effets et de sens. Les nombreuses archives de travail ici présentées apportent un éclairage vivant et inédit sur cette collaboration très amicale.