Communiqué de presse
Robert Gligorov
Robert Gligorov
Le travail de Robert Gligorov, souvent cynique, est une critique acerbe de notre société. L’allégorie de la mort y est omniprésente, représentée soit directement sous forme de tête de mort ou de pistolet, soit incarnée dans des objets qui peuvent sembler anodins, mais qui prennent un sens dramatique au regard de l’actualité. La photographie intitulée Natura morta (2007), qui sous le jeu de mots de son titre ne peut qu’évoquer les récentes préoccupations écologiques et la mise à mort de la nature par l’Homme, en est un exemple parfait.
Le parfum de scandale, subtile et insidieux, qui émane des images de Robert Gligorov, est jubilatoire. Ses photos ont la puissance d’impact des images commerciales, et l’anticonformisme propre à l’univers de la performance. Elles s’insinuent dans l’esprit du spectateur sous les traits lisses et esthétiques des images de la société de consommation, pour s’y révéler détonantes.
Il explore les positionnements politiques et sociaux de la société actuelle ainsi que la sexualité et l’identité, utilisant notamment des combinaisons inattendues d’humain, de végétal et d’animal. La photographie intitulée Venni Vidi Vinci(2006) se présente comme une confrontation anachronique d’un tableau « classique » et d’un chargeur de téléphone portable, le premier se trouvant amputé pour permettre de brancher le second, redéfinissant en quelque sorte l’ordre des priorités.
Son imagination est peuplée d’une faune bizarre et excentrique, qui prend vie sous forme d’autoportraits arborant métamorphoses, mutations transgéniques et hybridations fantastiques.
Son corps, multiple, protéiforme, est un outil auquel il fait subir des expériences extrêmes. Il clone et juxtapose des matières organiques créant des avatars inspirés des manipulations génétiques. Avec une subjectivité très contemporaine, le corps est reconsidéré, et s’inscrit dans l’ère du post-humain.
Les œuvres présentées à l’occasion de cette exposition sont en rapport direct avec la religion et la mort, ainsi se voit rejouer l’enterrement de Bob Dylan, et s’offre à notre regard une botte ensanglantée sortie d’un film d’horreur, une croix en forme de svastika composée de pistolet.
C’est de manière irrévérencieuse que Robert Gligorov passe en revue notre univers pour proposer avec force un questionnement de la surcharge d’images qui nous entourent, une dénonciation de la saturation visuelle et des codes qui régissent les images.
critique
Robert Gligorov