L’exposition « Que fut 1848 ? » au Frac Grand-Large – Hauts-de-France, à Dunkerque, propose une exploration des œuvres de la collection sous l’angle du lien entre l’économie et l’art.
Que fut 1848 ?  : quelle portée l’économie a-t-elle sur l’art ?
Dans le prolongement de la programmation et de la réflexion autour du thème du travail qu’a menées le Frac Grand-Large – Hauts-de-France en 2018, l’exposition « Que fut 1848 ? » offre une nouvelle lecture des œuvres de la collection en choisissant de l’appréhender sous l’angle de l’économie. Dans cette perspective, le commissariat en a été confié à Arnaud Dejeammes, auteur, théoricien de l’art et commissaire d’exposition dont les derniers travaux sont consacrés aux pratiques artistiques qui abordent l’économie en tant que matériau, objet esthétique ou champ d’intervention.
L’année 1848 représente un tournant dans l’histoire du XIXe siècle : elle est l’année de la troisième révolution française, née de la crise économique de 1846 et 1847 et d’une combinaison inédite de facteurs liés à l’industrie, à la consommation de biens, à l’alimentation et à la finance. Surtout, elle est marquée par les revendications portant sur le travail d’une classe jusque-là peu visible socialement et politiquement : le prolétariat essentiellement ouvrier qui cherche à exister dans une économie en train de se construire.
Derrière la question « Que fut 1848 ? » se déploie un axe de recherche précis : quelle portée la révolution de 1848 et les questions qu’elle a soulevées sur l’économie du travail ont-elles eu sur l’art né entre la seconde moitié du XIXe et le début du XXIe siècles ? Une interrogation qui trouve de nombreuses réponses dans les Å“uvres de la collection du Frac Grand-Large – Hauts-de-France. Alors que nous nous trouvons à un moment d’évolution et de redéfinition du travail, l’exposition, par un parcours à la fois historique et artistique et littéraire qui s’appuie sur ce fonds et sur l’histoire de Dunkerque, propose de « réactiver » 1848.
Robert Filliou, Allan Sekula, Sarah Ortmeyer, des artistes marqués par la pensée de 1848
De nombreuses œuvres témoignent de la corrélation entre l’art et l’économie. Le Sun book réalisé par Robert Filliou entre 1972 et 1973, est marqué par les penseurs actifs aux alentours de 1848. Composé de bandes de bois sur lesquelles sont inscrites des périodes de temps, accompagnées de photographies, dessins et autres notes, il offre ainsi une vision calendaire du temps qui s’oppose à celle dictée par les impératifs industriels et économiques.
La photographie Ship of Fools Churn s’inscrit dans un projet documentaire au long cours d’Allan Sekula, un artiste qui fut également marqué par la pensée politique et sociale de 1848 et qui développe une approche marxiste à travers ses projets de recherche mêlant photographie et écriture théorique. L’installation Sabotage de Sarah Ortmeyer étale au sol une multitude de morceaux de sabots en bois non finis : une œuvre qui renvoie à la lutte des ouvriers pour préserver leur travail ou au contraire se protéger de son aliénation.