Communiqué de presse
Robert Adams
Robert Adams
Sous le titre «On the Edge», l’exposition présente environ cent cinquante photographies exprimant une vision contrastée de l’environnement, à la fois accablante et pleine d’espoir. Elles sont extraites de trois séries aux résonances communes: West from the Columbia (1990- 1992), Time Passes (1990-1992) et Turning Back (1999-2003). Également exposés, les remarquables ouvrages publiés depuis 1970 par Robert Adams parallèlement à son travail photographique permettent de retracer la brillante carrière de l’artiste et invitent le visiteur à découvrir sa passion plus secrète pour les livres, un médium artistique pour lui tout aussi important que la photographie.
L’exposition «On the Edge» confronte les deux types de paysages que Robert Adams est amené à observer depuis sa maison située sur la côte ouest des États-Unis. Il est fasciné par la pensée que «si l’on se tourne vers l’est, on fait face aux vestiges d’une forêt pluviale, l’une des plus belles du monde avant qu’on l’eût détruite, tandis que si l’on se tourne vers l’ouest, on contemple la mer immense. Elle n’est pas intacte, mais elle est encore belle et, comme toute beauté, contient en elle une promesse.» La juxtaposition remarquable de ces visions indissociables mais géographiquement opposées invite à nous poser les questions soulevées par l’artiste lui-même: «Sommes-nous libres d’agir selon notre désir? Devons-nous être tenus pour responsables des conséquences de nos actes? Pourrons-nous être pardonnés?»
Dirigeant son regard vers l’ouest, Robert Adams a réalisé au début des années 90 les séries «West from the Columbia et Time Passes», le titre de cette dernière faisant référence à l’un des chapitres de To the Lighthouse [Vers le Phare] de Virginia Woolf. Ces images hypnotiques et pleines d’espoir de l’océan semblent annoncer une renaissance et une rédemption; des vagues apaisantes transportent le spectateur vers un autre espace et un autre temps. Lorsque Robert Adams s’est tourné vers l’est, une tout autre série a vu le jour. Réalisée de 1999 à 2003, Turning Back consiste en une étude de la déforestation et contraste violemment avec la sérénité de West from the Columbia et Time Passes. Elle témoigne de la rapidité avec laquelle les forêts de l’Ouest américain ont disparu, un phé- nomène dénoncé par Robert Adams: «La pratique de la sylviculture industrielle s’appuyait et s’appuie toujours sur une méthode agressive appelée “coupe claire” qui consiste à laisser la terre presque à nu. L’expérience apporte la preuve évidente que la coupe claire aboutit finalement à l’épuisement des sols, à la déforestation et au changement climatique.» Choisies par Adams pour être présentées à la Fondation Cartier, ces trois séries reflètent précisément les pensées et les paysages qui sont actuellement au cœur de ses tourments et de ses préoccupations.
La quarantaine de livres présentée dans l’exposition On the Edge permet d’évoquer le travail très personnel de Robert Adams sur l’évolution du paysage américain depuis les années 60, un spectacle suscitant chez lui tantôt la crainte, tantôt la curiosité ou l’enthousiasme. Chaque ouvrage est un objet d’art en tant que tel et représente une forme d’expression artistique autonome, comme en témoignent le soin et l’attention portés par l’artiste à chacun de ses livres. Publiés pour un grand nombre d’entre eux en tirage limité et devenus de véritables pièces de collection, ces livres sont exposés ici pour la première fois dans une présentation exhaustive.
Àl’occasion de son exposition à la Fondation Cartier, Robert Adams conçoit un nouvel ouvrage rassemblant les trente-deux photographies de la série Time Passes, jusqu’alors inédites. La Fondation Cartier a également le plaisir de publier En longeant quelques rivières, première traduction française d’un ensemble d’entretiens avec Robert Adams réalisés par des historiens d’art, conservateurs, photographes, étudiants, écrivains et professeurs (publié par Aperture en 2006 sous le titre Along Some Rivers).
Artiste
Robert Adams
Robert Adams est né en 1937 à Orange dans le New Jersey et vit actuellement à Astoria, dans l’État de l’Oregon. Docteur en littérature anglaise, il a enseigné à l’université pendant presque dix ans, avant d’opter définitivement pour la photographie à la fin des années 60. Si l’homme est absent de ses images de paysages urbains et ruraux de l’Ouest américain, c’est son influence sur l’environnement qui est prédominante: un panneau publicitaire installé au beau milieu d’une colline boisée, des chantiers de construction de banlieues résidentielles, des graffitis perturbant la tranquillité d’un paysage désertique, des forêts ayant subi les conséquences de la «coupe claire», cette technique permettant d’abattre rapidement des forêts entières. Ses réflexions profondes et sensibles, mais aussi critiques et politiques, ont valu à Robert Adams des récompenses prestigieuses comme le Spectrum International Prize for Photography et le Deutsche Börse Photography Prize. Il a également obtenu les bourses de la Fondation Guggenheim et de la Fondation MacArthur, ainsi que du National Endowment for the Arts. Robert Adams a participé à de nombreuses expositions collectives et a présenté des expositions personnelles dans des institutions du monde entier, dont une grande rétrospective au Philadelphia Museum of Art en 1989. Outre ses nombreux livres d’artiste, Adams a publié deux essais théoriques salués par la critique, Beauty in Photography: Essays in Defence of Traditional Values 1 (1981) et Why People Photograph: Selected Essays and Reviews (1994), ainsi qu’une série d’entretiens intitulée Along Some Rivers (2006).