Jacques Monory, Bachelot Caron
Rien n’est plus proche du vrai que le faux
«E=MC2» ou «Rien n’est plus proche du vrai que le faux», et bien d’autres encore… C’est décidément à Albert Einstein que l’on doit décerner l’art des formules de l’équivalence. Et à nous, à travers cette exposition qui rassemble 3 artistes, Jacques Monory et le couple Bachelot Caron, de tenter certains rapprochements entre générations et pratiques; entre peinture et photographie. Qui dit vrai, qui dit faux, la «réalité» ou l’art? Comment tout cela circule-t-il, plus ou moins librement, dans la presse ou entre les murs d’une galerie? L’art doit bien se situer au delà du «réel», sinon à quoi bon? A voir.
L’histoire de l’art est marquée par la multiplication des inventions visant à l’imitation de la vision oculaire. Les artistes en quête de mimésis créent des artifices afin de rendre l’illusion parfaite de la 3e dimension. L’histoire de la peinture est longue et celle de la photographie bien plus récente. Technique et discipline artistique nouvelle au regard de celle-là , celle-ci n’est pas sans incidence sur les développements de la peinture figurative moderne et contemporaine. La photographie ne pouvait pas mieux exceller dans la reproduction du réel. (C’était sans compter avec le cinéma qui allait encore accroître l’illusion de vraisemblance).
Cette histoire récente, nous le savons, excitait la curiosité des artistes tenants d’une peinture «figurative» les incitant à explorer de nouveaux moyens d’appréhender la réalité et à les intégrer d’une manière singulière. Mais cela appartient à de l’histoire ancienne à l’heure du tout numérique.
Le temps passe, oblige à des accélérations et surtout à des raccourcis… Reste qu’à l’Isba, nous revenons sur le temps, nous prenons le temps. Le temps d’interroger un regard croisé sur les Å“uvres d’hier et d’aujourd’hui, sur les artistes que nous invitons et aussi sur nos motivations à les réunir.
En tant qu’image fixe, muette, bidimensionnelle, la peinture montre-t-elle plus qu’elle ne décrit? Quel rapport peut-elle instaurer avec la réalité à l’heure du tout numérique? Entre le chic des mots et le choc des photos que nous subissons sous le bombardement d’images et d’informations tous azimuts, (dont il est souvent difficile de préciser l’authenticité), leurres et falsifications envahissent le quotidien. Las de tant de réel et à bien regarder un art qui s’en approche au plus près, ne peut-on y retrouver de l’imaginaire, de la symbolique et pourquoi pas de la poésie?