Gloria Friedmann
Rien ne sera plus jamais comme après…
Les références au monde animal sont une spécificité de la production artistique de Gloria Friedmann à partir des années 80. L’artiste utilise des animaux taxidermisés ou des ossements, mais également des animaux domestiques (canaris ou lapins en cage) ou d’élevage (bœufs, vaches, chevaux) dans des installations qui s’apparentent à des «tableaux vivants».
Dans l’œuvre Réserve naturelle (1994), un cerf empaillé fait face à un amoncellement de réfrigérateurs hors d’usage. Cette installation nous interpelle sur les métamorphoses de la vie animale successivement espèce vivante puis objet scientifique (taxidermisé) et enfin ready-made (produit culturel). Gloria Friedmann soulève avec ces «natures mortes» ou ces vanités des problématiques d’ordre écologique, telles que la disparition de notre écosystème et la fragilité du vivant. Un sentiment funeste se dégage en effet de ces installations où «les restes» d’animaux semblent prisonniers d’un contexte déterminé par l’Homme.
Entre réflexion métaphysique et vision d’anticipation, Gloria Friedmann s’appuie sur la valeur symbolique des éléments qu’elle met en scène pour produire des dichotomies (entre nature et culture, biologie et technologie, vivant et mort) et interroger l’évolution de l’humanité avec ses doutes et ses errances.
L’exposition «Rien ne sera plus jamais comme après…» intervient dans un contexte particulier où la nature des relations qui unissent l’Homme à l’animal est placée au cœur des débats politiques (avec la récente reconnaissance des animaux comme des «êtres vivants doués de sensibilité»).
Dans la première salle de l’exposition est présentée une nouvelle sculpture de la série ProteinSpecies que l’artiste a commencée en 2013. Cette sculpture en plâtre de résine représente une forme hybride mêlant un visage humain à un corps d’autruche. Autour de cette sculpture énigmatique sont réunis plusieurs paysages oniriques de la nouvelle série Eden. Gloria Friedmann a utilisé la technique de la peinture sur verre inversé pour réaliser ces œuvres qui mettent l’accent sur la lumière et l’infinité des espaces naturels inhabités.
Dans la seconde salle de l’exposition sont réunis plusieurs dessins réalisés au fusain et à l’acrylique sur toile (série LSD). Entre réel et surnaturel, figures humaines et animales, ces dessins représentent des scènes fantastiques qui pourraient être issues de fables, de contes ou d’hallucinations. Enfin, trois sculptures appartenant à la série Everyday Robots sont installées à l’extérieur de la galerie. Ces sculptures blanches représentent des céphalopodes humains: leur tête proéminente étant directement liée à leurs jambes, ces êtres sont réduits à leurs facultés de penser et de se déplacer.
Gloria Friedmann est née à Kronach (Allemagne). Elle vit et travaille à Aignay-le-Duc (France).