Delphine Gigoux Martin
Rien n’a d’importance
Tracées au fusain, à même les murs de la galerie, d’élégantes silhouettes d’arbres sont ponctuées par le velours noir de mouches mortes. Sensations déconcertantes de fascination et de dégoût, troublées par le calme paisible de l’espace blanc. Glissement d’un niveau de réalité à l’autre (mouches véritables, illusion de forêt) pour une impression de beauté silencieuse et immobile.
Au sous-sol de la galerie, une machinerie répète les cercles sans fin, d’oies embrochées en plumes dans un espace défragmenté par des projections de dessins animés d’oiseaux en vol. Le télescopage narratif de la représentation simultanée de la liberté du vol et des oies embrochées nous rappelle que l’animal est comestible et même un plat de fête. Cette mise en tension a une étrange saveur qui révèle autant la générosité de la nature que le gourmand qui est en chacun de nous.
Dans le travail de Delphine Gigoux-Martin, l’absurdité de notre rapport au monde est perceptible d’emblée. «Au gré de l’effet de décalage volontaire entre les différents modes d’expression et les lignes de narration, se dessine une sorte d’anamorphose intellectuelle».