Raphaël Charpentié
RIDIN’
Pour son exposition personnelle «RIDIN’», l’artiste propose une sélection de pièces récentes, la plupart réalisées à l’occasion de cette exposition, et produites, pour certaines, avec Kamel Makhloufi en collaboration avec le FabLab de Grenoble.
L’exposition est pensée comme un agencement de pièces toutes autonomes, sans lien les unes avec les autres, et rend compte de l’étendue d’une pratique.
La pièce centrale, Ridin’ (2012), qui donne son titre à l’exposition, consiste en un lit, avec ses draps et oreillers, surélevé par un caisson sculpté et laqué de noir. De ce caisson se diffusent musique et lumière. Le lit est ainsi «tuné», personnalisé, mais dans quel but ? Sont-ce des considérations esthétiques ? Performatives ?
Autour de cette installation spectaculaire, des pièces plus minimales sont présentées. Deux Spectrographes (2012) retranscrivent les sons ambiants, la musique de Ridin’ aussi bien que les sons émis par les visiteurs. Sur un socle, Sans titre (Caillou-shit) (2012) est posé. L’objet fait partie d’une collection à venir et témoigne d’une recherche patiente et rarement couronnée de succès: celle de cailloux ou morceaux de bois qui ressemblent à s’y méprendre à de la résine de cannabis.
L’artiste montre également une série de photographies grand format, Sans titre (2012). L’érotisme, à première vue abstrait, se révèle rapidement sans ambiguïté. Les gros plans sur des corps de femmes vêtus de tissus très serrés ne laissent pas voir de chair, mais ne laissent pas non plus de place à l’imagination. Les images, explicites, flirtent avec la pornographie.
Une autre série, de gravures sur carrelage cette fois, est présentée. Baiser ou Pouce-à -bouche, par exemple, reprennent ces mêmes codes d’un érotisme qui montre plus qu’il ne suggère.
Plusieurs vidéos sont également exposées, dans lesquelles l’artiste apparaît. Ainsi, dans Sans titre, il mord le coup d’une femme en grognant de façon bestiale. Dans Moustiques (2012), il s’amuse à imiter l’insecte. Ses actions, à première vue légères, prennent une dimension rituelle que l’on retrouve souvent dans sa pratique.
Si les pièces de «RIDIN’» sont toutes indépendantes les unes des autres, le travail de Raphaël Charpentié fait néanmoins la part belle à une poésie, parfois perverse, parfois naïve, ou dérision et solennité s’entremêlent.