Jason Karaïndros
Rideau !
Le travail de Jason Karaïndros ouvre au monde. Entre apparitions et disparitions, ombres et pénombres, il rend sensible l’essence des choses, et par là -même le sens de l’«être ». Parfois frontalement, en pointant du doigt ce que nous oublions ou ne voulons plus voir, souvent de façon imperceptible, son œuvre — nécessitant de prendre le temps, de sentir et de ressentir — s’attache à dévoiler la nature des éléments.
A La Maréchalerie, Jason Karaïndros transforme l’espace — lieu hybride et atypique, totalement recomposé, et cependant chargé de l’histoire forte et prestigieuse du Château de Versailles — en théâtre à l’italienne où est joué un spectacle conçu et réalisé par l’artiste.
Des modules d’échafaudage assemblés sur deux niveaux composent la structure architecturale du théâtre et invitent le visiteur à pénétrer promenoir, corbeille et balcon. L’arcade vitrée de l’espace d’exposition est fermée par un rideau de scène : face à la simplicité de la structure métallique — éphémère, faisant appel à des éléments constructifs simples —, la préciosité du tissu rouge, référence commune au lieu de spectacle. L’ensemble est baigné d’une lumière artificielle et légère. Les instruments d’un orchestre invisible s’accordent.
Que va-t-il se passer ? Quel spectacle va-t-on jouer ? Qu’attendons-nous ?
Puis la pénombre, … l’orchestre s’arrête, le rideau s’ouvre …
L’éclat de la lumière, naturelle cette fois, pénètre soudainement l’espace, en même temps que la ville et ses caractéristiques visuelles et sonores : ambiances de Versailles, mais aussi «villes d’ailleurs», traces des voyages de l’artiste dans les sites urbains du monde … bruits familiers. La ville, comme l’espace d’exposition lui-même, sont «spectacularisés», «scénographiés». La pensée cherche et vagabonde : attendre, entendre et voir. L’artiste offre de regarder la ville, d’entendre ses silences et ses bouleversements, d’être attentifs au monde, à l’autre et à nous-mêmes.
A partir d’une construction très précise, les images que Jason Karaïndros nous donne à voir relèvent purement de l’émotion et sollicite les sens : l’ouïe, la vue. Ce sont des étincelles qui tiennent l’esprit et le coeur en éveil, après l’observation attentive, la vie : une certaine «contemplation active».
Alors, «Que le spectacle commence !»
La bande son de l’installation est réalisée par le compositeur Alexandros Markeas.
Conjointement au dispositif présenté, une édition dvd Séquences rassemble 8 films vidéos réalisés par l’artiste entre 1994 et 2007. Depuis la «danse-combat» entre artiste et caméra (Persée et Méduse, 1994), jusqu’au paysage «scénographié» de Mauritanie (Figures, 2007), en passant par une figure légère et insouciante flirtant avec le vent (La Plume, 2004), Jason Karaïndros joue avec notre œil, entre vision mécanique et travail de l’esprit, un regard. Entre jeu et confrontation, amour et haine, douceur et violence, l’artiste nous donne à voir d’autres images, de nouveaux déclics, moteurs de l’imaginaire …
> Entrée libre