La pratique de l’appropriation est courante en art contemporain mais elle fait l’objet de rares procès car, la plupart du temps, l’artiste appropriationniste obtient l’autorisation de l’auteur dont il reproduit le travail. Le procès de Richard Prince est donc une exception dans le paysage judiciaire.Â
Dans sa série de collages intitulée Canal Zone, l’artiste américain a reproduit sans autorisation 41 photographies du reporter français Patrick Cariou.Â
Averti par une exposition de ces collages à la galerie Gagosian à New York en 2008, ce dernier avait d’abord tenté une négociation à l’amiable, restée sans réponse.
Mis au pied du mur, Cariou avait ensuite intenté une action en justice pour violation de droit d’auteur.
La justice lui a donné raison le vendredi 18 mars 2011, en condamnant Richard Prince et en exigeant que les œuvres en question soient saisies et interdites à la vente. Une prochaine audience pourrait fixer d’éventuels dommages et intérêts.
Si la juge Déborah A. Batts a argué que les compositions de l’artiste américain n’apportent pas une «transformation» suffisante pour qu’on puisse les qualifier d’œuvres d’art, la question n’est pas de savoir si, oui ou non, il y a eu réinterprétation.Â
Toute image qui n’appartient pas encore au domaine public (70 ans après la mort de l’auteur) est passible de droits.Â
Même la photographie de reportage, aujourd’hui considérée comme un domaine artistique à part entière. Ce que la star américaine, dans son égocentrisme, semble avoir oublié…
Patrick Cariou est l’auteur de plusieurs albums photographiques (Surfers, Yes Rastas). En 2001, il a réussi à pénétrer dans le ghetto de Trenchtown à Kingstown en Jamaïque pour dresser le portrait d’un des endroits les plus violents de la planète.
Richard Prince expose à la BNF du 29 mars au 26 juin 2011.
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