Rudolf Bonvie, Jürgen Nefzger, Bénédicte Ramade, Marc Ruwedel
Rhapsodies Nucléaires
«Une interrogation artistique du nucléaire est-elle possible et selon quelles modalités?»
Trois photographes, deux allemands et un américain, font porter depuis de nombreuses années leurs réflexions et leurs regards sur les centrales et l’énergie nucléaire. Les premières Rhapsodies nucléaires de Rudolf Bonvie (c’est à lui que le titre de l’exposition a été emprunté) ont été présentées en 1988 à Hambourg, puis en 1989 à Essen. Mark Ruwedel, a initié son travail sur L’«Italian navigator» (nom de code donné aux premiers essais nucléaires) au début des années 90. Jürgen Nefzger a quant à lui commencé sa série Fluffy Clouds en 2003. Il a également mis en place un travail sur une centrale construite en Espagne sous Franco, qui n’a jamais fonctionné et a été progressivement désossée et pillée.
Il s’agira dans un premier temps de passer en revue les projets de ces trois photographes: le choix des sites, les enjeux, le traitement esthétique qui nourrit leur recherche dans le champ de la photographie. De voir ensuite comment un artiste peut exprimer un contenu politique dans son travail, si la photographie en est un outil privilégié, mesurer le pouvoir des images dans notre société contemporaine.
«La centrale nucléaire figurant souvent à l’arrière plan n´est peut-être pas perçue et reconnue du premier coup d’œil. Pourtant une fois repérée, elle devient le véritable point d’ancrage de l’image, le point focal autour duquel la composition évolue et prend tout son sens. La vision du paysage sublimée par une esthétique volontairement boulimique bascule vers une compréhension plus troublante du sujet. L’image fonctionne par l´antinomie entre la vue pittoresque et le contenu symbolique véhiculé par la centrale nucléaire: emblème du progrès pour les uns et sujet d´inquiétude pour les autres. En brouillant les pistes par ce double jeu de signification, il appartiendra au spectateur de constituer ses propres clefs de lecture.» (Jürgen Nefzger).
Rhapsodie nucléaire, de Rudolf Bonvie, traite d’une thématique qui se soustrait doublement à la représentation: il y a d’une part la fonctionnalité cachée, inaccessible aux sens, de la centrale nucléaire, et d’autre part, une puissance de destruction dépassant toute imagination.
Le débat sera animé par Françoise Paviot et la soirée débutera par la projection de l’œuvre de Jürgen Nefzger, Valdecaballeiros.
Séance
Mardi 31 janvier à 19h.