Lieu
Lavoir moderne parisien
Communiqué de presse
Depuis une soixantaine d’années, notre pays a su construire un service public qui a permis d’envisager le geste artistique en dehors des critères — et de l’emprise — de l’économie. Sommes-nous encore en mesure, dans le contexte mondial et européen actuel, d’enrayer la destruction de ce service public qui, pour être assez exemplaire en Europe, n’échappa pas à certaines dérives ? C’est ce dont nous nous entretenons avec l’ancienne ministre de la culture de Lionel Jospin Catherine Trautmann, qui analyse les raisons de l’échec relatif de sa politique en faveur des arts vivants. Elle souligne les obstacles rencontrés lorsqu’en 1998 elle tenta, avec une fameuse charte, de rappeler à leurs responsabilités les structures bénéficiant de soutiens publics. Aujourd’hui, pour compenser une baisse des subventions effective et prévisible, les décideurs politiques incitent artistes, compagnies et institutions, à augmenter leurs ressources propres en cherchant des fonds «ailleurs». Ailleurs, c’est-à -dire auprès de partenaires privés. Si nous sommes encore loin du système britannique, on peut s’inquiéter des dangers pour la liberté de création que représente l’intrusion massive de l’argent privé dans le secteur public.
Le secteur privé, avec sa vision «entrepreneuriale» de la culture, tire les institutions culturelles vers une logique quantitative dans un but de valorisation d’image ; logique où la création au long cours n’a évidemment pas sa place. Alors, le mécénat, alternative heureuse pour le financement de la culture, ou miroir aux alouettes?
L’une des options choisie par certains pour échapper aux difficultés de l’époque, c’est la mutualisation des moyens, dans la tradition coopérative née des luttes du 19ème siècle. C’est ce dont nous parle Daniel Le Scornet, qui s’est efforcé, avec le projet d’une Mutuelle Arts Sciences Social Culture (MASC), d’extrapoler à la culture les principes de l’économie solidaire…
Le domaine de la formation est évidemment fondamental : c’est là que se transmettent les valeurs et que se construisent les méthodologies des futurs décideurs. L’immixtion de la culture du «privé» y est alarmante : les filières de management et d’ingénierie culturelle, qui se multiplient, axent leur enseignement sur les notions de gestion, de communication, de rayonnement, de rentabilité. Cassandre dénonce ce cheval de Troie de l’esprit marchand dans le domaine public…
Le piège est aussi sémantique: les nouveaux consultants usent d’une novlangue digne du 1984 de Georges Orwell, dont nous proposons un florilège.
Infos pratiques
> Lieu
Lavoir moderne parisien
35, rue Léon. 75018 Paris
M° Châteaurouge ou Marcadet-Poissonniers
> Horaire
19h30
> Contact / Réservations
www.horschamp.org
> Entrée libre