Rebecca Bournigault
Révolutions arabes
Géographie internationale de la colère, atlas de la révolte, tour du monde des soulèvements populaires, la série d’aquarelles Les émeutiers (2005-2011) de Rebecca Bournigault est tout cela à la fois.
A l’origine de ce projet au long cours, les violences urbaines «de Clichy-sous-Bois» qui embrasèrent la France pendant trois semaines au cours du mois de novembre 2005. Ces événements ont en effet décidé Rebecca Bournigault à mener un travail de recherche dans les bases de données des grandes agences de photographies afin de «mettre la main» sur ces images de vengeurs masqués, aussi belles que rares car saisies au moment précis où la chorégraphie de leurs postures, de leurs gestes et de leurs regards exprime avec un maximum d’intensité toute la poésie rageuse de la révolte.
On peut aujourd’hui apprécier la série des Emeutiers (qui couvre aujourd’hui plus de 70 pays) pour son approche esthétique sensible et sans effet de manches qui prend volontairement ses distances envers l’imagerie pop dont les artistes contemporains abusent trop souvent pour représenter l’esprit de la rébellion. Car si Rebecca Bournigault délaisse les grandes figures iconiques censées incarner le mythe révolutionnaire éternel (et dont Che Guevara reste le modèle absolu), c’est pour mieux porter son regard sur ces figures mineures, attachantes et anonymes de contestataires contemporains dont aucune rue ne portera jamais le nom.
En 2011, les mouvements de soulèvements populaires dits du «Printemps arabe» ont inspiré à Rebecca Bournigault une nouvelle série de dix portraits d’émeutiers et d’émeutières. De la Tunisie à la Syrie en passant par la Libye, l’Algérie, le Maroc, le Bahreïn, le Sahara, la Jordanie, le Yémen et l’Egypte, l’artiste a dressé un panorama de cette multitude anonyme de femmes et d’hommes, fers de lance et avant-gardes de tous ces mouvements spontanés de contestation politique.