Des éléments simples de notre environnement
L’exposition «Revoir» présente à la Maison européenne de la photographie de Paris les clichés de Martin d’Orgeval. Sont présentées les séries les plus récentes du photographe, Linea Alba et Fenêtres, ainsi que les séries antérieures, Pâques, Touché par le feu, et Découpages. Réalisées de 2005 à 2012, ces dernières forment les prémisses du langage artistique de Martin d’Orgeval et annoncent les nouvelles séries.
Leurs sujets, tirés de notre environnement quotidien sont souvent les mêmes (un pan de mur, une fenêtre, un pare-brise ou une porte) mais ne sont captés que partiellement. De leur forme globale ne sont retenus que des angles, des lignes, des aplats de couleur, des jeux d’ombres, des dégradés de gris en motifs géométriques.
Des photographies qui cachent plus qu’elles ne montrent
Les clichés sont souvent lumineux : la série Linea Alba expose sous différents angles un mur blanc inondé de lumière crue ; sur le cliché Narrow Yellow Arrow Shadow, c’est une lumière ocre que renvoie le mur et celui intitulé Norfolk Blue montre une fenêtre à croisillon derrière laquelle s’étale un ciel azuréen. La sensation de clarté visuelle qui se dégage des photographies est rapidement contrecarrée par la difficulté à définir leur sujet même. Si les lignes sont nettes et les formes évidentes, l’œil ne parvient pas à déterminer ce qu’il contemple.
Ni l’objet ni sa matérialité ne sont parfaitement définissables. L’usage de plans rapprochés plutôt que de vues d’ensemble trouble la perception et ne permet pas de distinguer la réalité de ce qui est photographié. Telle zone sombre peut être l’ombre portée naturelle d’un relief autant qu’un pan artificiellement obscurci. Les perspectives, les impressions de profondeur ou de plat ne sont peut-être que le résultat d’illusions d’optique.
Evidence et doute mêlés
L’extrême simplicité des objets photographiés, leur évidence, se conjugue sans cesse à un doute quant à leur nature, leurs contours réels… Cette dualité entre doute et évidence nous engage à un examen plus approfondi de l’image. Les photographies de Martin d’Orgeval sont une invitation à «revoir», à regarder au plus près des choses, à reprendre contact avec leur matérialité. A travers elle, on redécouvre la profondeur des éléments les plus rudimentaires et universels : la couleur, la pierre, le bois, la poussière, le grain d’une peinture, l’ombre et la lumière. Elles sollicitent notre vue mais aussi notre toucher, notre expérience et s’inscrivent dans le temps autant que dans l’espace.