Robert Malaval
Rétrospective exceptionnelle
Pour la première fois à Angers, le musée des beaux-arts accueille plus d’une centaine d’œuvres de Robert Malaval. Cette rétrospective exceptionnelle présente des œuvres — peintures, dessins, sculptures — en provenance de collections particulières, des musées français — le centre Georges Pompidou, les musées de Nice, Dunkerque, Chartres. Les galeries ou anciennes galeries avec lesquelles Robert Malaval a collaborées sont également bien représentées, notamment celles d’Alphonse Chave, Yvon Lambert, Daniel Gervis, Pierre Nahon ou Baudoin Lebon.
Bas-reliefs, peintures et paillettes
L’exposition retrace son parcours en six séquences chronologiques. La première salle présente Les Aliments blancs (1961-1964), faits de papier mâché, de protubérances, de bas-reliefs et d’interventions sur des objets et des meubles, puis un autre espace est consacré à la période Rose-Blanc-Mauve (1965-1969), œuvres plus picturales avec usage de la peinture acrylique réalisées à partir d’un pistolet aérographe.
Le parcours se poursuit avec des œuvres fraîches et joyeuses des périodes Eté pourri-peinture fraîche (été 1972) et Multicolor, suivies par la série Poussières d’étoiles (1974), qui marque le début de son utilisation très libre des paillettes. Les deux dernières salles présentent les œuvres de la série Kamikaze, Pastel Vortex et celles réalisées à Créteil.
Le goût de la rupture
Robert Malaval est né en juillet 1937 à Nice et meurt brutalement à Paris en août 1980. Autodidacte, il découvre la peinture vers l’âge de 16 ans et se prend de passion pour ce mode d’expression. Son premier contrat est signé avec la galerie Alphonse Chave où il réalise son premier Aliment blanc. Mais l’œuvre de Malaval est faite de ruptures. Guidé par son refus de la répétition et sa remise en cause du cloisonnement des arts, il s’exprime aussi bien par la peinture, le dessin, l’écriture, que par la musique. L’utilisation des paillettes à partir de 1973, disposées par de grands gestes sur la toile, apparaissant et disparaissant au gré des jeux de lumière et du mouvement du spectateur, illustre sa quête de changement, d’instabilité et d’incertitude.
Supprimer les frontières
Malaval est un des seuls artistes à avoir intégré totalement la culture rock dans son travail. C’est justement dans la confrontation de la musique et de l’art que le décloisonnement est le plus abouti. Au milieu des années 1960, notamment avec ses Pastels Vortex, le rock devient véritablement le moteur de sa pratique plastique. Il peint comme le musicien écrit sa partition. « J’ai eu envie de faire des toiles qui soient aussi rapides, aussi instantanées que la musique (…). Je me suis mis à peindre comme on fait des chansons, je joue un dessin, je le chante ». Malaval veut peindre comme on monte sur scène, ainsi en 1980, il crée l’événement en peignant en public dans le cadre de son exposition Attention à la peinture à la maison de la culture à Créteil. En supprimant la frontière entre l’atelier et le lieu d’exposition, il remet en cause les modalités de présentation de la peinture et l’image de l’artiste. Il se suicide le 8 ou 9 août de la même année.