Au sortir du confinement, la Galerie Perrotin lançait l’initiative collaborative et solidaire « Restons Unis » : une programmation estivale destinée à célébrer la scène artistique française en invitant 26 galeries parisiennes à présenter le travail de leurs artistes associés.
Toutes les deux semaines, l’espace Saint-Claude de la Galerie Perrotin expose la sélection d’œuvres de galeries. Le dernier volet du projet, intitulé « Grands soirs et petits matins », compte parmi ses invitées la galerie Gb Agency. Elle met en avant trois artistes : Ryan Gander, Mark Geffriaud et Jiřà Kovanda.
« Grands soirs et petits matins » : provoquer l’imagination par l’énigmatique
Depuis une vingtaine d’années, l’artiste anglais Ryan Gander développe une œuvre multiforme, via des supports d’expression divers : peinture, sculpture, architecture, écriture, performance et bien d’autres. Son travail interroge le langage, la connaissance et la création. Ses œuvres surprennent par leur aspect énigmatique, qui laisse le champ libre au spectateur de reconstituer un récit à partir des indices disséminés par l’artiste.
La sculpture Your Nostalgia (2014) prend par exemple la forme d’une paire de baskets Nike plongée dans du bronze. Posées sur le seuil d’une porte, les chaussures représentent, avec une pointe d’humour, l’artiste en tant qu’invité dans la demeure d’une personne qu’il admire ; mais sans ce contexte, l’œuvre suscite l’interrogation et provoque l’imagination.
« Grands soirs et petits matins » : ériger un mémorial à l’inexistant
L’artiste français Mark Geffriaud produit des sculptures, des installations ainsi que des films. Ses créations évoquent le vide, la disparition, la transparence, dans le cadre d’un travail sur la mémoire : la mémoire collective, d’une part, avec des monuments dédiés à des événements qui ne sont pas advenus ; et à la mémoire individuelle, d’autre part, avec des objets personnels suspendus dans des blocs transparents. Le spectateur projette dans un cas comme dans l’autre ses propres récits.
« Grands soirs et petits matins » : perturber le quotidien par l’imperceptible
Jiřà Kovanda compte parmi les figures les plus importantes de la scène artistique contemporaine en République tchèque. Depuis les années 1970, il crée des performances en public. Il s’infiltre parmi les gens sans se faire remarquer, adopte les actions et les gestes du quotidien, puis patiente jusqu’à ce qu’un élément inattendu – provoqué ou non – vienne perturber la normalité du moment.
Ces expériences ont pris différentes formes : attendre devant un téléphone jusqu’à ce qu’il sonne, bousculer quelqu’un dans la foule ou établir un contact visuel avec un inconnu en descendant l’escalator. L’objectif est de créer une interaction imprévue à travers des actions imperceptibles.