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Rest and Be Thankful



Edifices connus de Le Corbusier notamment, la Cité radieuse, la Villa Savoye, qui sont de nouvelles pages — grises cette fois — cadrées comme l’est la toile, crevées de nouveaux carrés sombres ou colorées ensuite, écriture infinie. Créateur, l’homme n’a de cesse d’écrire, d’inscrire les marques de sa main sur des natures intactes ; intactes car invisibles. Sans l’artiste, point de paysage, point de nature configurée ; rien n’est vu, tout est soupçon de l’imaginaire. La page blanche ne prend sens que lorsque l’encre, la peinture, la couleur s’y répandent, l’espace n’est habitable que s’il est détruit, et le trait de la sanguine est chaque fois une saignée.

 

Cependant Blaise Drummond ne dépeint pas un drame en marche, plutôt une cohabitation incongrue et nouvelle, l’harmonie précaire d’un univers moderne et onirique, comme une toile de Peter Doig soudainement suspendue par des vastitudes de blanc ; page blanche à demi épargnée.

 

Ailleurs, autour des dessins brefs des arbres isolés sur papier Canson, un cerf de carton brun, une enveloppe retournée, une boîte d’allumettes à demi ouverte découvrant leurs têtes de phosphore. Sous la menace du feu, bois, bâtonnet, carton, papier, tout ce que l’on transforme est aussi fragile et destructible que la matière première, et l’œuvre d’art, la faible des faibles en dépit de ses forces.

Les peintures de Blaise Drummond, comme les objets quotidiens exposés par lui, n’ont que peu de force. Non que les œuvres soient alourdies par le message écologique sous-tendu, mais de par leur délicatesse même, leur retenue, leur gentille espièglerie.

 

La réserve n’est pas en ce que dit l’écriture de Drummond, mais en sa graphie même. Cette graphie qui se teinte parois de la distance amusée de celui qui doute de ses mots, peine à nous faire percevoir ce que nous ne voyons pas, et les souillures tues de la page blanche demeurent invisibles à la surface immaculée.

 




Blaise Drummond



— New Painting Of Common Object, 2008. Huile et collage sur toile. 162 x 213 cm



— The Baptism of Christ, 2008. Huile, acrylique et placage de bois sur toile. 167 x 142 cm



— Helsinki Version (The Reassurance of City Living), 2008. Huile et collage sur toile. 127 x 167 cm

— Extracts from the poetic geography of five continents, N°27, 2003. Huile sur toile. 30 x 30 cm

— Extracts from the poetic geography of five continents, N°32, 2003, Huile sur toile. 30 x 30 cm

 

 




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