L’exposition « Ressources humaines » au Fonds régional d’art contemporain de Lorraine, à Metz, se propose de repenser le travail, de ses formes pratiques à ses valeurs sociale et morale, à travers les œuvres d’une quinzaine d’artistes contemporains.
Une lecture décalée et féministe du travail
Sous le titre « Ressources humaines », c’est une volonté de revaloriser la dimension humaine du travail qui inspire l’exposition conçue par Virginie Jourdain, commissaire invitée. Celle-ci a choisi d’adopter une lecture décalée du monde du travail, qui procède d’un regard engagé, militant et féministe en faisant appel à des œuvres issues de démarches collaboratives, solidaires et horizontales et solidaires qui s’inspirent des pratiques et des luttes féministes.
A travers des photographies, vidéos, installations et performance, l’exposition collective croise des points de vue d’artistes, de travailleurs et travailleuses culturels et d’activistes pour s’intéresser aux aspects habituellement mis de côté dans les analyses du travail et notamment du travail artistique. Elle réhabilite le travail de ceux que la société ne voit pas, des agents d’entretien aux stagiaires en passant par les artistes.
De Pilvi Takala à Catherine Lescarbeau, le travail artistique interroge le travail
L’installation intitulée The Trainee, réalisée en 2008, résulte d’un projet mené par Pilvi Takala. Pendant un mois, celle-ci a travaillé en tant que stagiaire au sein d’une entreprise. Après avoir débuté son stage de façon normale, elle adopte une attitude et des methodes de travail moins conformes à celles attendues. Elle se met alors à noter les diverses réactions de ses collègues, qui sont ensuite intégrées dans l’installation : la curiosité, la surprise, l’amusement… Pilvi Takala met ainsi en lumière les multiples codes sociaux qui régissent le monde du travail.
La vidéo intitulée Sur le principe de la négation, réalisée en 2012 par Noémi McComber offre pendant plus de quatre minutes une variation autour des thèmes du refus, de l’impossibilité et des limites que l’on pose entre soi et les autres. Le projet Le département des plantes est mené depuis plusieurs années par Catherine Lescarbeau : il s’agit d’un département fictif qui peut s’intégrer à diverses institutions et qui a pour objet d’étude la plante d’intérieur. A travers ce projet, l’artiste montre comment celle-ci, élément naturel dans un lieu dédié au travail, sert souvent à humaniser des espaces corporatifs ou institutionnels.