— Éditeur : École nationale supérieure des beaux-arts, Paris
— Collection : Écrits d’artistes
— Année : 2004 (1ère édition : 1999)
— Format : 14 x 20,50 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 223
— Langue : français
— ISBN : 2-84056-156-5
— Prix : 15 €
Journal de bord d’un voyage nervalien
par Didier Semin (extrait, p. 7)
Respirer l’ombre : le titre qu’a retenu Penone pour le recueil de ses textes – ce sont plutôt des fragments, de courtes pièces en prose qui accompagnent son Å“uvre depuis plus de trente ans, souvent des rêveries qui sont tout à la fois le préalable, la suite et la légende d’un dessin ou d’une sculpture – ce titre ne laisse pas d’être énigmatique. Tout d’abord parce que, logiquement, l’ombre ne se respire pas : une ombre n’a ni épaisseur ni matière, pas même la consistance impalpable de l’air, elle n’est qu’absence de lumière… Mais aussi, et surtout, parce que l’ombre et la respiration se côtoient rarement dans notre imaginaire : nous mettons le souffle et la respiration du côté de la vie et de ses promesses, l’ombre du côté de la menace et de la mort, et la respiration de l’ombre semble devoir être rangée non loin de cette « obscure clarté » qui, chez Corneille, tombe des étoiles, et fournit aux manuels scolaires la figure exemplaire de l’oxymore, alliance rhétorique des contraires. L’œuvre de Penone est cependant tout le contraire d’une rhétorique et il faut chercher la raison d’être de ce mariage énigmatique ailleurs que dans la recherche d’un effet.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de l’Ensba)
L’auteur et artiste
Giuseppe Penone est né en 1947 à Garessio, Italie. Il vit et travaille entre l’Italie et la France, où il enseigne à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.