Avec «Respiration», Karen Chekerdjian propose un nouveau regard sur les collections du musée de l’Institut du monde arabe (IMA). L’artiste libanaise établit en effet un dialogue entre ses œuvres et celles du musée et se penche sur la notion d’ambiguïté, très présente dans son processus de création. Cette ambiguïté se trouve au cœur même de l’identité de ses productions qui se situent à la frontière entre la sculpture et l’objet de design.
Karen Chekerdjian vit à Beyrouth, capitale du Liban, décrite par l’artiste comme une ville de continuelles contradictions, que l’on déteste et chérit plusieurs fois dans la même journée. Travailler dans cette ville, c’est pour elle être toujours à la limite entre deux choses, dans un état provisoire proche du basculement. Karen Chekerdjian se donne pour mantra de vivre en acceptant de ne jamais rien contrôler totalement. C’est pourquoi lorsqu’on lui demande «A quoi sert cet objet?», elle répond «A ce que vous voulez !».
Les œuvres de l’IMA portent en elles la mémoire d’un monde arabe basé sur trois religions monothéistes qui ont cohabité pendant des millénaires. C’est cette histoire que veut raconter Karen Chekerdjian à travers la discussion féconde qu’elle instaure entre ses œuvres et celles des collections de l’Institut du monde arabe. Cherchant à éloigner le public des clichés, elle exclut de son œuvre les arabesques et autres iconographies trop souvent associées à l’esthétique du Moyen-Orient.
La joaillerie de Karen Chekerdjian vient discrètement intégrer la salle des bijoux quand, un peu plus loin, son mobilier s’insère dans la pièce dédiée aux intérieurs des maisons. La salle vidéo réserve quant à elle une immersion dans son univers. Karen Chekerdjian raconte son Beyrouth dans un film projeté sur quatre écrans devant lesquels elle invite le visiteur à s’asseoir sur quatre de ses assises: Elephant, Papillon, Bench et Poufs.