ART | EXPO

Reset

19 Jan - 27 Fév 2010
Vernissage le 18 Jan 2010

Les travaux des artistes rassemblés ici sont autant de propositions d’espaces procédant au redoublement, au dédoublement, à l’extension d’un lieu (donné) par d’autres (qui s’y installent), en ayant recours à des techniques d’inscription, de transcription, d’intrusion ou d’effacement…

Gabriel Abrantes, Bertille Bak, Benjamin Crotty, Bertrand Dezoteux, Sarah Lis, Florian Pugnaire, Tamara de Wehr
Reset

Une proposition de Christophe Kihm
«J’ai réuni six jeunes artistes que j’ai rencontrés ces trois dernières années dans un groupe de travail autour d’un projet d’exposition. Ce groupe est constitué de Gabriel Abrantes, Bertille Bak, Benjamin Crotty, Bertrand Dezoteux, Sarah Lis, Florian Pugnaire, Tamara de Wehr et moi-même. J’ai donné l’impulsion de ce projet il y a plus d’un an maintenant en définissant un cadre de travail qui mobilise l’espace d’exposition dans ses dimensions matérielles et stratégiques. La question n’était pas comment exposer des oeuvres (et lesquelles) ? Mais que peut-on faire d’un espace d’exposition, et précisément, quel type d’intervention produire dans ce lieu mis à disposition par la Fondation d’entreprise Ricard pour l’art contemporain ?

Il était donc convenu que cette exposition n’appliquerait pas de découpes culturelles ou générationnelles, thématiques ou stylistiques, surdéterminant la cohérence d’une sélection d’oeuvres. Dans ce processus de travail, de nombreuses autres hypothèses ont été écartées, liées à l’organisation du groupe lui-même : nous étions conscients que l’absence de décision commune conduit tout projet collectif d’exposition à l’aménagement d’un espace par des interventions ponctuelles et «pertinentes», et que toute règle trop stricte soumet la participation de chacun à une démonstration conceptuelle. Pour ce qui me concerne, plus personnellement, je ne voulais pas concevoir l’exposition comme l’exercice d’un savoir-faire de la disposition (display) ou d’une technique d’accrochage, avec leurs effets de dialogues et de confrontations, de discours ou de récits. Mon rôle dans ce projet, aura donc été des plus modestes, puisqu’il aura consisté à fédérer des énergies pour concevoir un espace partagé, à participer à l’élaboration d’un cadre de travail et à assister les propositions des uns et des autres pour les rendre possibles en fonction des conditions posées par une institution. En réponse à la question posée (que faire de cet espace d’exposition ?), le titre «Reset» s’est finalement imposé pour souligner ce programme de remise à zéro, où l’exposition est considérée comme point de départ de l’oeuvre (et non comme point d’arrivée), et où tout oeuvre propose l’exposition d’un lieu.

Il s’est donc agit, pour les artistes réunis, de penser l’exposition comme une construction et, petit à petit et point par point, de mettre en jeu leur travail selon la perspective d’une reconfiguration du lieu. En ce sens, l’expérience pourrait s’ouvrir à des actions accomplies dans et sur le lieu dont les effets dans le temps joueraient de différés ou de retardements, se manifesteraient ouvertement ou se situeraient aux seuils de l’invisibilité. Cet exercice est contraint (spatialement, budgétairement, techniquement), il comporte une part de risque et demeure incertain, associant le temps du montage à celui de la production et de la réalisation des oeuvres. Mais l’exposition y trouve la pleine mesure de sa forme projet, qui ne se fixe pas dans un résultat mais est fixée par une coupe opérée au sein de son processus.

Une question reste posée : que construit cette exposition outre un processus de travail (qui par ailleurs n’y sera pas restitué) ? Elle construit un lieu, dont les qualités sont peu évaluables selon des critères architecturaux (il ne s’agit pas de bâtir un édifice) ou formalistes (puisque cette construction est soumise à une logique processuelle). Les propositions des artistes sont autant de propositions d’espaces procédant au redoublement, au dédoublement, à l’extension d’un lieu (donné) par d’autres (qui s’y installent), en ayant recours à des techniques d’inscription, de transcription, d’intrusion ou d’effacement… Et comme il se trouve que ces propositions signifient toutes des lieux (décors de tournage, villages détruits, bureaux de travail, parcours géographiques, conduits d’évacuation…), l’espace construit est un circuit où se raccordent des lieux potentiels. Telle est la conclusion provisoire de cette expérience, qui précise un point relatif à la forme de construction produite.» Christophe Kihm

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