Mathilde Rosier
Réserve des forces hostiles
La nature est, pour Mathilde Rosier, un miroir – thème central dans son œuvre que ce soit par les moyens de la vidéo (Time and Place, 2003) ou de la peinture et plus particulièrement de la peinture à l’eau, gouache et aquarelle (Autoportrait dans le miroir, 2004). Le miroir de l’eau offre justement sa surface réfléchissante dans plusieurs pièces vidéo dont la plus explicite est sans doute Lac (2004) entièrement construite sur un axe de symétrie séparant dans un même paysage naturel deux espaces — temps légèrement décalés. Ce peut être encore le reflet du visage de l’artiste sur une vitre qui s’efface à mesure que la nuit se dissipe et que le paysage apparaît par transparence (Le Vierge aujourd’hui, 2004, vidéo).
«Au fond, créer c’est imiter en déplaçant, c’est répéter en glissant» précise Mathilde Rosier. Détournant le point de vue des Romantiques pour lesquels la nature se présentait en «miroir de l’âme», elle la considère avec un parti pris d’entomologiste, «plus vraie que nature», par l’intermédiaire d’installations comme ce cabinet de curiosité (Bibliothèque, 2007) où sont rassemblées nombre d’espèces protégées d’oiseaux en papier peints et découpés. D’autres œuvres analysent sur un mode résolument fantastique – celui du rêve – ce rapport à la nature «sauvage» (Le Grand Duc, 2007), où quand le survol du Grand Duc au-dessus d’un lit prend une connotation plus onirique (La Chambre, 2007), allusion à la célèbre et dernière œuvre de Marcel Duchamp, Etant donné.
«La nature n’est pas douce» remarque Mathilde Rosier, or «ce que nous en savons ne passe plus guère que par les musées d’histoire naturelle, les parcs zoologiques et autres écomusées». Elle laisse ainsi la place à ces «réserves naturelles artificielles où l’espèce qu’elles protègent entre toutes finalement c’est l’homme.» B.Z.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Stéphanie Katz sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Réserve des forces tranquilles