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Requiem for the 20th Century : Twilight of the Turbulent Gods

A l’instar de Cindy Sherman, mais dans une perspective toute différente, Yasumasa Morimura utilise sa propre image dans de nombreux autoportraits photographiques où il apparaît grimé et maquillé, où il endosse un rôle et entre dans la peau d’un personnage. Il prend les traits de grandes figures historiques qui ont marqué le XXe siècle : Lénine, Hitler, Che Guevarra…

Sur certaines photographies, il se contente de prendre la pose : par exemple dans A Requiem: Infinite Dream / Che, la pose est parfaitement calculée et agencée grâce à un noir et blanc très contrasté, où le Che apparaît altier et fier, le regard porté vers l’avenir de son pays. Sur d’autres images, Yasumasa Morimura travaille davantage la mise en scène quasi cinématographique : par exemple, il incarne Lénine debout sur une tribune, haranguant une foule constituée de figurants.

Deux portraits accrochés côte à côte retiennent l’attention : ce sont des autoportraits en Einstein et en Guevarra. On observe ici un effet de réel très poussé : ces portraits sont de très grande taille et, de par leur frontalité et leur perfection, ils laissent voir le grain de la peau et les effets de maquillage.
Face à ces deux portraits photographiques, Yasumasa Morimura a installé deux cadres vidéo montrant les mêmes personnages, mais cette fois sous forme de tableaux vivants. Par exemple, Einstein se met à tirer la langue. Le jeu photographique est toujours très proche d’un jeu cinématographique, d’une incarnation toujours plus poussée vers le mouvement de la vie.

C’est d’ailleurs dans cette perspective que Yasumasa Morimura propose une vidéo de 10 minutes dans laquelle il interprète Hitler. Cette œuvre intitulée Un requiem : le rire d’un dictateur présente Hitler comme une figure ridicule, assez proche d’ailleurs du Dictateur de Chaplin. Mais ici, Hitler fait son mea culpa. Yasumasa Morimura lui met dans la bouche un discours universalisant: «Tout homme est un dictateur».
Avec cette video, Yasumasa Morimura pose une question : comment être un humain quand d’autres humains sont des criminels ? Tout homme est-il un être sanguinaire ? La logique de l’autoportrait est alors totalement justifiée puisqu’il se met à la place de ceux qu’il dénonce en célébrant leur mort.

La mémoire collective en dit bien souvent davantage sur ceux qui restent que sur les acteurs de l’Histoire.

Yasumasa Morimura
— A Requiem: Asanuma 1, 1960.10.12 – 2006.4.2, 2006. Gelatine Silver Print mounted on Alpolic. 120 x 150 cm (47 x 60 in)
— A Requiem: Dream of Universe / Albert 2, 2007. Gelatin Silver Print mounted on Alpolic. 120 x 92 cm (47 x 36 in)
— A Requiem: Humanity is sadly futile / Lenin 1920.5.5, 2007. DVD / 16 mm. 8 min 15 sec
— A Requiem: Infinite Dream / Che, 2007. Gelatine Silver Print mounted on Alpolic.  120 x 96 cm (47 x 38 in)
— A Requiem: Oswald, 1963.11.24 – 2006.4.1, 2007. Gelatine Silver Print mounted on Alpolic. 150 x 120 cm (60 x 47 in)
— A Requiem: Vladimir at Night, 1920.5.5 – 2007.3.2, 2006. Laserjet Print mounted on Dubond. 150 x 200 cm (60 x 79 in)
— A Requiem: Where is the Dictator? 2, 2007. C-Print mounted on Alpolic. 150 x 120 cm (59 x 47 in)
— A Requiem: Where is the Dictator? 3, 2007. C-Print mounted on Alpolic. 150 x 120 cm (59 x 47 in)
— Seasons of Passion / A Requiem: Mishima, 2006. DVD. 7 min 47 sec
— A Requiem: Laugh at the Dictator, 2007. DVD. 10 min 27 sec

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