Boyzie Cekawana
Rencontres Chorégraphiques. In Case Of Fire, Run For The Elevator
Ici la nourriture est au centre, comme le symbole des subtiles imbrications entre nécessité et privilèges.
«Ceci est une histoire de nourriture, et de sa poésie compliquée, accidentée et invisible. C’est une histoire de nourriture comme une différence réelle (ou la réalité d’une différence), puisque le terrain est commun et inégal» affirme le chorégraphe.
Celui-ci est en effet fasciné par le fait que la nourriture est à la fois la chose la plus indispensable pour survivre, en même temps qu’elle est aujourd’hui très inégalement distribuée et comment dès lors la nourriture intervient dans la vie de ceux pour qui cette dernière n’est pas un concept théorique mais une question de sang et d’eau.
Cette histoire est incarnée par un trio, une trinité qui n’a rien de religieux mais qui représente certaines divinités modernes, l’amour, le pouvoir, et les privilèges ou encore la romance, le rock’n’ roll, et le rêve.
Comme dans un jeu de cache-cache, les corps se meuvent sur un rythme, des sons et des mots que seuls les danseurs entendent, le public n’y ayant accès que de temps en temps, pris lui aussi dans une tension entre possession et dépossession.
Le corps chez Boyzie Cekwana est toujours une arme à plusieurs tranchants, un outil avec lequel ouvrir la boîte des représentations. Un corps marqué, toujours, par l’histoire et la politique, corps blessé, mutilé, ou muselé mais cherchant toujours une issue, et convoquant des strates de représentations différentes -texte écrit, texte parlé, objets.
«Si nous devions nous lever, au bord de la perte, devant le ronflement assourdissant de ces politiques de commodité, de ces vanités sournoises d’une élite lunatique, fétide, quelle danse danserions-nous? Et quel théâtre jouerions-nous? Là , nous résistons, nous tournons les talons, muets comme nous sommes sauf pour les mots que nous osons prononcer dans la noirceur de l’encre et la blancheur du papier. Nourrir la pensée? Non, pas de nourriture pour la pensée mais simplement un stratagème dans les mains privilégiées des enfants bâtards d’un dieu distrait. Voici l’histoire de l’alimentation et de sa poétique complexe, inégale et invisible, racontée par l’intermédiaire de trois personnages «universels» représentant l’amour, le pouvoir et le privilège.
L’histoire de la nourriture comme une réalité de la différence, le terrain d’entente de tout ce qui est commun et inégal. Dans cette pièce, nous présentons une comédie musicale silencieuse, à interventions rythmiques, provenant d’une partition entendue uniquement par les interlocuteurs.» (Boyzie Cekwana)
Chorégraphie, mise en scène: Boyzie Cekwana
Interprètes: Bhekani Shabalala, Bheki Khabela, Boyzie Cekwana
Lumières: Éric Wurtz
Dramaturgie: Guillaume Bernardi.