Olivier Dubois
Rencontres chorégraphiques. Elégie
Olivier Dubois invente des formes aux partitions extrêmement réglées, dont la précision quasi mécanique permet d’atteindre un état d’abandon. Pour Elégie, il choisit de plonger les spectateurs dans l’obscurité. Tout juste distinguent-ils un homme, seul, avant de comprendre que ce fragment d’humanité est encore porté par un magma d’ombre. Une lave composée d’êtres en fusion, au seuil de l’Enfer, dont on ne sait, s’ils veulent en sortir, ou empêcher toute évasion. «Qui donc, si je criais, parmi les cohortes des anges m’entendrait?»: quand, en 1923, Rainer Maria Rilke publie les Elégies de Duino, il sonne le glas du romantisme et s’aventure sur la piste d’un symbolisme lyrique et intérieur. Un texte sur la place de l’homme dans ce monde.
Après L’Après-midi d’un faune, Le Lac des cygnes ou encore Le Boléro, cette nouvelle incursion dans l’aventure des révolutions intellectuelles et mélancoliques est aussi pour Olivier Dubois, l’occasion de réaffirmer qu’il faut, selon le mot du biologiste Alain Zecchini, «témoigner des expressions de notre monde, pour le sauver et le faire ressusciter, invisible en nous».
Avec ce «chant endeuillé de l’ange», les danseurs du Ballet national de Marseille nous rappellent encore qu’être homme ne fait pas Humanité. Une recherche sur les motifs du puissant, du sombre et de l’envoûtant, porté par l’Elégie en La bémol de Richard Wagner dont s’inspire Olivier Dubois et les compostions originales de François Caffenne.