L’exposition « Ritournelles » au Frac Centre-Val de Loire offre un regard rétrospectif sur la carrière de Rémy Jacquier qui, depuis presque vingt ans, met le dessin, la sculpture l’architecture, la littérature, la philosophie, la musique ou encore les sciences naturelles au service d’une exploration des phénomènes de transcription.
Rémy Jacquier explore les phénomènes de transcription
La pratique artistique de Rémy Jacquier se concentre sur les processus de transformation qui reposent sur le glissement d’un type de langage à un autre ou d’une forme à une autre. Ainsi la sculpture Pavillon S.T constitue-t-elle un agrandissement et une transposition en volume architectural d’une représentation anatomique de l’oreille interne. Cette œuvre renvoie à des idées multiples : son titre porte une allusion explicite au pavillon de l’oreille mais évoque également le nom donné à une unité de soin en hôpital psychiatrique, évoquant ainsi la place importante qu’occupe la représentation de l’oreille chez des artistes malades mentaux tels qu’Adolf Wolfli.
La sculpture Pavillon S.T se joue également de la notion de maquette car celle-ci, traditionnellement utilisée dans un but d’agrandissement, est ici abordée suivant une logique inverse. Avec les Gamelans, c’est cette fois en instruments de musique que Rémy Jacquier transpose des schémas d’oreilles internes. Ici aussi s’opère un retournement puisque la forme des instruments n’est pas conditionnée par le son qu’ils doivent émettre : l’artiste a tout d’abord réalisé une maquette visant à trouver un équilibre formel entre instrument de musique et architecture puis il a testé les divers moyens d’en extraire des sons.
« Ritournelles » : Rémy Jacquier fait naître la variation de la répétition
Les œuvres de Rémy Jacquier renvoient à la fois à la notion de déplacement et à celle de rythme. Ainsi la série de dessins intitulée Saint-Etienne-Lyon est-elle le fruit des nombreux trajets qu’il a effectués en train entre les deux villes. Laissant son crayon se mouvoir sur le papier au gré des mouvements du train, il parvient à créer, à partir de conditions identiques, des motifs différents. Cette série s’inscrit dans une pratique habituelle de Rémy Jacquier : décliner en série des variations générées par la répétition.