L’exposition « Elvis Kisses » à la galerie parisienne Arnaud Deschin dévoile des installations de Rémy Brière dans lesquelles les processus et l’expérience de la durée et de l’espace occupent un rôle central.
Les installations de Rémy Brière reposent sur les processus
Les productions plastiques de Rémy Brière, à la fois artiste et set designer, pourraient se situer dans une position ambiguë entre art et publicité mais les deux pratiques de Rémy Brière sont clairement indépendantes l’une de l’autre. Ses installations, qui reposent sur un goût des lignes claires, la conjugaison de matériaux pauvres et nobles, naturels et culturels évoquant l’Arte Povera ou encore des références comme Elvis Presley, saisi autant comme fétiche que comme lieu commun, s’inscrivent moins dans un art conceptuel savant que dans une gymnastique intellectuelle libre qui bouleverse les protocoles.
« Elvis Kisses » : un terrain de jeu où prime l’expérience de la durée et de l’espace
L’exposition « Elvis Kisses » se visite comme un terrain de jeu. Dans l’installation Le bûcher, sur un tapis de moquette sont déposés du sable colorés, un petit bûcher et un extincteur sur lequel les instructions ont été effacées pour être remplacées par un poème. La série Les serpents déploie sur cinq passe-partout des dessins au graphite associés à des tirages noirs et blancs : une ligne tracée d’un geste vif sert ensuite de modèle pour une photographie de serpent prise en studio, suivant une logique inverse à celle qui d’habitude voudrait que le geste artistique s’emploie à reproduire le mouvement du serpent.
La pratique de Rémy Brière est fondée sur les processus : en tentant de se libérer de références, elle consiste à retrouver des gestes premiers comme façonner des contenants, réduire un objet à sa silhouette, etc. Surtout, elle accorde autant une grande importance aux notions de plaisir et à la relation entre le corps et l’espace et à l’expérience de la durée plus qu’à l’efficacité.