Communiqué de presse
Pierre Savatier
Relevés
Pour sa quatrième exposition à la galerie Jean Brolly, Pierre Savatier présente plusieurs séries de photogrammes. Tissu, étoffe ou, comme dans sa dernière série, le ruban, la matière textile occupe une place récurrente dans le travail de l’artiste. Pierre Savatier compose avec les effets de souplesse des matériaux, leur transparence, les plis, et le flux de lumière pour créer un espace photographique dans lequel on passe de la netteté la plus fine au flou, de la surface à la profondeur.
Tout son travail s’effectue «à l’aveugle», dans le noir complet de la chambre noire. L’artiste dispose un ou plusieurs objets sur la surface sensible du papier puis insole avec des techniques d’éclairage adaptées selon les séries, mais toujours dans un temps proche de l’instantané photographique.
«Je crois que c’est plus simple de dire « Oui, il s’agit de photographie »; mais la façon dont la photographie existe est, pour moi, plus liée à l’Histoire de l’art du XXe siècle qu’à l’Histoire de la photographie. 
Dans les arts visuels, la relation au réel passe par la vision; c’est une des raisons pour lesquelles je travaille autour de la photographie, de son dispositif, en me servant du photogramme pour poser à partir du réel la question de la vision.» Pierre Savatier
L’ensemble de ce dispositif, dans sa relation au temps, comme dans ses relations entre précision et aléatoire, renvoie à la vision photographique. Dans ses dernières séries de photogrammes, couleur ou noir et blanc, la multiplication des sources lumineuses lors de l’insolation les fait apparaître comme des éclairages artificiels. Ajouté à ces transparences colorées, l’ordonnancement aléatoire des plis complexifie la vision. Le dispositif, toujours perceptible parce qu’archaïque, mis en place à partir de tissus imprimés, produit une complexité visuelle. Toute l’oeuvre de Pierre Savatier croise une réflexion sur le dispositif (utilisé) et sur l’image (produite), sur la lumière et sur la vision. En marge du courant documentaire dominant la photographie contemporaine, l’oeuvre articule une pensée spéculative sur le médium avec une relation à l’imaginaire.