Iratxe Jaio, Klaas van Gorkum
Réinventer le monde — autour de l’usine
Depuis plusieurs années, Iratxe Jaio et Klaas van Gorkum s’attachent à explorer la notion de travail dans des conditions de production marquées par la globalisation et interrogent la place de l’artiste et le rôle de l’art contemporain dans ce contexte.
Les deux séries d’œuvres qui composent l’exposition partagent un même terrain d’observation: celui de l’usine et de ses marges. Les artistes veulent rendre compte des gestes accomplis quotidiennement par les travailleurs. Ils partent d’un point de départ similaire: leur histoire familiale. En revanche, le lieu de l’action est différent; le Pays basque pour Iratxe Jaio et les Pays-Bas pour Klaas van Gorkum. Tous deux proposent une vision des conditions sociales liées au travail au nord et au sud de l’Europe.
Work in progress (2013) est un film se déroulant à Markina, le village d’enfance de Iratxe Jaio. Les usines de caoutchouc qui s’y trouvent sous-traitent à des femmes immigrées la finition manuelle des pièces. Celles-ci sont payées au poids pour réaliser ces taches, à leur domicile ou en groupe dans des locaux improvisés. Dans le film, les artistes suivent étape par étape le processus de fabrication, à l’intérieur et à l’extérieur de l’usine.
C’est une boîte à cigares contenant des plans et des croquis réalisés par le grand-père de Klaas van Gorkum, qui est à l’origine du projet Producing Time in Between Other Things (2011). Avec un tour offert par ses anciens collègues, Jos van Gorkum, retraité d’une usine d’hélices, se lance dans une activité de fabrication d’objets en bois, pour passer le temps et compléter ses revenus.
Dans ces deux projets, les artistes adoptent le même protocole artistique en s’immisçant au cœur du processus de fabrication des objets. Qu’il s’agisse de remettre en marche le tour du grand-père de Klaas van Gorkum ou d’employer les femmes de Markina pour qu’elles terminent à la main des sculptures (en référence au «Laboratoire expérimental de craies» du sculpteur basque Jorge Oteiza), ils proposent ainsi une réflexion sur le rôle de l’art dans une société en crise.
Commissariat
Alexandra Baurès