Nicolas Darrot
Règne analogue
L’exposition «Règne analogue» que Nicolas Darrot présente à La Maison rouge compte près de quatre-vingts œuvres dont une vingtaine récentes. Un ensemble qui se décline entre sculptures et installations.
Le titre de l’exposition évoque une nouvelle classification du monde naturel dans lequel se dévoile un règne inconnu, entre animal et minéral. Les œuvres de Nicolas Darrot, hybrides et automatisées, sont nourries de nombreuses références à la science, à l’histoire, aux mythes et à la littérature.
Un grand dispositif intitulé Passage au noir, installé dans le patio de La Maison rouge, met en scène des corbeaux en métal plus grands que nature. Disposés le long d’une passerelle en bois sur laquelle roule une large boule blanche emplie d’air, les oiseaux s’animent et croassent. Telle une meute fondant inlassablement sur sa proie, ou une parade nuptiale toujours renouvelée, l’événement se reproduit en un cycle sans fin.
Dans la sculpture La Louve, l’animal mythique de la légende de Romulus et Rémus reproduit en étain prend des allures de chimère futuriste. Posée sur un socle en aluminium, la louve est reliée à un dispositif électronique par un faisceau de fibres optiques qui plongent dans son flan entièrement ouvert. Des séquences lumineuses traversent les fibres, dessinant une filiation impalpable entre la mythologie et la modernité technologique.
Les relations entre le vivant et la machine sont partout à l’œuvre. Dans la sculpture Snail (Escargot), un embiellage — composé d’un piston, d’une bielle et d’un vilebrequin — émerge d’une coquille d’escargot. Ailleurs, un ibis métallique picore le sol dans une ronde infinie.
La série Dronecast se compose d’une armée de d’insectes mutants : de vrais corps d’insectes sont équipés de fuselages, tuyaux, pointes et autres appareillages mécaniques qui les transforment en machines de guerre.
L’ensemble des œuvres de Nicolas Darrot matérialisent un glissement des corps organiques vers les artefacts. On lit à travers elles une sorte d’histoire naturelle des machines.
Nées d’un imaginaire nourri par les mythes et contes ancestraux et par les dernières avancées technologiques et scientifiques, les œuvres de Nicolas Darrot forment un règne parallèle, à l’écart de la logique humaine, aussi poétique qu’effrayant.