Du point à la ligne, de la surface au volume et à l’environnement, il s’agit toujours d’apprécier l’espace de manière sensible, et d’en restituer les étapes au moyen de paysages plastiques qui s’y inscrivent en le traversant.
L’artiste prend ainsi la mesure de l’espace par des installations faites de cordages noués, tressés s’y déployant en trames aériennes. Il est ainsi rendu palpable dans son volume. Le geste artisanal de la main qui tricote et tresse des pans d’espace apporte un étalon de mesure supplémentaire qui intègre à ces dispositifs l’échelle du corps et de l’acte.
Des ruptures de rythme traversent ces vastes installations, soumettant leur espace à un mouvement simultané de compression et de dilatation. Des parcelles traversées de cordages décrivant des mouvements amples, coexistent avec d’autres parties, saturées par un maillage extrêmement resserré. La démarche de Failler apporte également à ces problématiques, très sculpturales, d’inscription de l’œuvre dans un environnement, un éclairage éthique et géopolitique. Il s’agit aussi, à la lumière de ces installations remodelant librement l’espace, de nous faire prendre conscience de l’ampleur de nos moyens d’actions sur la nature et de la responsabilité qui en découle.
Si le paysage, procède toujours d’un désir de maîtrise sur l’environnement, l’intervention de l’homme sur la nature est également la condition sine qua non de son existence. il s’agit à la fois d’en souligner le potentiel créatif et d’en critiquer les excès, en développant des propositions plastiques qui nous placent dans un rapport toujours plus lucide au monde extérieur.