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Regine Kolle. Garage

Univers narratif réduit à l’essentiel. Un traitement plastique où chaque scène, figée à coups de brosse grossiers fortement colorés, envahit la toile. Une peinture pauvre, sans qualité ni virtuosité, en totale adéquation avec l’imagerie adolescente (de Disney aux mangas) à laquelle elle se réfère, mais qu’elle dépasse par sa subtilité.

— Auteur : Françoise-Aline Blain
— Éditeurs : École municipale des beaux-arts, Gennevilliers ; Épithème, Paris
— Année : 2004
— Format : 21 x 27,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 80
— Langues : français, anglais, allemand
— ISBN : 2-914411-05-7
— Prix : 20 €

Présentation

L’univers pictural de Regine Kolle, joyeux et ultra coloré, est habité par une foule de personnages ni enfants ni adultes. D’allures râblées ou filiformes, leurs silhouettes simplifiées sont brossées dans une ligne épaisse et affirmée. Leurs traits mal dégrossis, leurs expressions esquissées en quelques signes plastiques réduits à l’essentiel, présentent des accointances avec le dessin d’animation, d’illustration, d’une certaine bande dessinée et du manga.

Ses héros, midinettes, beaux mecs, mauvais garçons, rockers ou soldats, sont le plus souvent en action. Ils mangent, boivent, font la fête ou du sport, déambulent, dorment, pensent, discutent, écrivent, se marient, contemplent le paysage ou posent devant un objectif photographique. Rien d’héroï;que, ni de pittoresque dans cette somme d’activités ordinaires et quotidiennes Les yeux grands ouverts, ils se tournent vers les spectateurs qu’ils semblent effrontément prendre à témoin pour un face à face complice. Ils affirment ainsi, avec insouciante ingénuité, nonchalance ou désinvolture, leur présence au monde. Les décors dans lesquels ils évoluent, sont rapidement ébauchés en quelques coups de brosse ou sommairement construits par les contrastes de larges surfaces colorées à l’instar des procédés picturaux élaborés par les fauves et les expressionnistes allemands.

Les cadrages serrés de ses compositions tronquent les figures et les pressent parfois dans le plan du tableau. Ils ne sont pas sans échos avec ceux des documents visuels, photographies de famille, cartes postales, images de presse et de publicité dans lesquels Regine Kolle puise sans aucune hiérarchie ses motifs. Elle s’inspire également pour certaines de ses compositions, de l’atmosphère et des plans cinématographiques des polars, des films d’action ou d’horreur.

Pour autant qu’elles soient figuratives, ses peintures ne racontent aucune histoire. Elles fonctionnent comme des arrêts sur image qui figent les scènes dépeintes et les coupent de toutes tentatives de narration. Regine Kolle privilégie d’ceuvre en oeuvre le développement d’une syntaxe picturale dont les constituants élémentaires, lignes, surfaces colorées ainsi que leurs agencements prennent une valeur iconique indicielle. Depuis peu, elle poursuit cette recherche dans des films d’animation conçus sur ordinateur. Le dessin à la souris est un parfait prolongement de son langage pictural.

Elle conçoit son œuvre comme un roman en cours d’élaboration, un univers narratif fragmenté. Elle dresse ainsi le portrait tour à tour, amusé, burlesque, grinçant, onirique mais jamais pathétique d’une génération, saisie dans les aléas tragi-comiques de situations banales dont le récit reste à inventer.

(Texte publié avec l’aimable autorisation de l’école municipale des beaux-arts de Gennevilliers)

L’artiste
Regine Kolle est née en 1967 à Cologne. Elle vit et travaille à Paris.

L’auteur
Françoise-Aline Blain est journaliste à Beaux-arts magazine.

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