Bertrand Lavier, John Armleder, Fischli & Weiss, Etienne Bossut, Lilian Bourgeat, Veit Stratmann, Sam Samore, Erwin Wurm, Georges Tony Stoll, Mathieu Mercier, Jean-Louis Garnell, Daniel Firman, Erro, Franck Scurti, Tony Cragg, Haim Steinbach, Jean-Michel Sanejouand, Jean-Luc Moulène, Martha Rosler, Raymond Hains, Martial Raysse, Jacques Villeglé, François Morellet, Claude Closky, Roman Opalka, Ed Ruscha, Renaud Auguste-Dormeuil, Jochen Gerner, Sol Lewitt, Carl Andre, Fred Sandback, Claude Rutault, André Cadere, Franck David, Gérard Collin-Thiébaut, Dieter Roth, Christian Boltanski, Hans-Peter Feldman, Hanne Darboven, On Kawara, Thomas Ruff, Annette Messager, Gerhard Richter, Sarkis, Gordon Matta Clark, Jean-Luc Vilmouth, Tania Mouraud, Regis Perray, Rancillac, Gérard Gasiorowski, Claude Lévêque, Bertrand Lavier, Paul Devautour, Philippe Cazal, Edouard Levé, Zbigniew Libera, Richard Baquié, Thomas Demand, Jacques Monory, Tatiana Trouvé, Cindy Sherman, Luc Tuymans, Carsten Holler
Regarde de tous tes yeux, regarde! L’art contemporain de Perec
Le Musée des beaux-arts saisit l’occasion du trentième anniversaire de la publication du roman de Georges Perec, La Vie Mode d’emploi, pour proposer «Regarde de tous tes yeux, regarde» soit une lecture perecquienne de l’art contemporain de ces quarante dernières années. Cette exposition réunit des oeuvres, de quelque soixante-dix artistes, issues de collections publiques et privées et de celles du Musée.
A la suite de Raymond Queneau et de ses Exercices de style de 1947, puis de la fondation de l’Ouvroir de littérature potentielle en 1960, Georges Perec fut sûrement l’écrivain qui face à une littérature «moderne», le Nouveau Roman, a le plus fait de la littérature un «art contemporain».
Beaucoup de jeunes artistes se réclament aujourd’hui de Georges Perec (1936-1982) alors que l’écrivain, malgré quelques collaborations avec des «peintres» et en dépit d’une complexe passion pour la description des images, ne fut pas particulièrement intéressé par ce que nous appelons «l’art contemporain» (depuis 1960) dont il fut pourtant banalement contemporain.
«Regarde de tous tes yeux, regarde» a d’abord pour objectif d’éclairer ce paradoxe. Après le succès de La Vie mode d’emploi (1978), Perec avait coutume de dire qu’il n’avait cessé de travailler dans quatre directions qui s’entrecroisent : sociologique, ludique, autobiographique et romanesque. Depuis Les Choses (1965) jusqu’au Cabinet d’amateur (1979) il explorera ses voies.
« La première de ces interrogations peut être qualifiée de « sociologique » : comment regarder le quotidien ; […]
La seconde est d’ordre autobiographique […]
La troisième, ludique, renvoie à mon goût pour les contraintes,
les prouesses, les « gammes », à tous les travaux dont les recherches de l’OuLiPo […]
La quatrième concerne le romanesque, le goût des histoires et des péripéties »
Georges Perec. «Notes sur ce que je cherche», Le Figaro, 8 décembre 1978.
Avec le recul, il apparaît que les quatre grandes catégories énoncées par l’écrivain traversent également la création plastique contemporaine depuis 1960. C’est donc tout l’art contemporain qui pourrait être repensé et reclassé selon les champs de Georges Perec.
«Regarde de tous tes yeux, regarde» organise son propos à partir de ces quatre champs, et propose de « montrer «l’art contemporain» contemporain de Perec le contemporain ». L’exposition s’articule autour de ces quatre grandes catégories, alternatives aux habituels classements selon les médiums, les générations, les nationalités, les genres ou la chronologie voire la notoriété. Elle montre que la plupart des grands artistes de notre époque arpentent les mêmes champs d’investigation que Perec … François Morellet voisine avec Claude Closky, Daniel Firman avec John Armleder, Jean-Louis Garnell, BertrandLavier, Christian Boltanski avec On Kawara et Hans-Peter Feldman…ou Philippe Cazal et Serge Gasiorowski avec Edouard Levé, ou bien encore Raymond Hains avec Jacques Villeglé pour n’en citer que quelques uns ….
Sous la forme d’un puzzle se déployant dans tout le patio, l’exposition est construite autour de La Boite en valise de Marcel Duchamp lequel avait été nommé membre de droit de l’OuLiPo en 1962, par Raymond Queneau, désignant ainsi celui dont la démarche est à l’origine de l’art contemporain.
En contrepoint de cette exposition, le musée a demandé à l’artiste Ernest T de réunir dans la salle blanche un «cabinet d’amateur», librement inspiré de l’ouvrage éponyme de Perec et composé à partir des collections de peinture ancienne du Musée des Beaux-Arts.