Communiqué de presse Jean-Jacques Guionnet
Reflets Composés
Les notions de clarté et d’opacité, de matérialité et d’immatérialité, d’apparition et de disparition sont au cœur des problématiques de Jean-Jacques Guionnet. Depuis 2005, l’artiste met en place un dispositif pictural lié à la superposition de strates, jouant sur les transparences et les reflets des matériaux ainsi que sur les densités de la couleur. La lumière est le facteur déterminant, c’est la diffraction des rayons qui produit un lien entre les épaisseurs en faisant fusionner les couleurs. Le jeu d’apparition et de disparition révèle la multitude des possibilités d’appréhension de l’œuvre en une sorte de succession de coupes géologiques fugitives.
Dans ses nouvelles séries intitulées « Reflets composés » amorcées en 2006, il s’agit de reflet dont nous ne connaîtrons jamais l’objet, seule l’image altérée par la matrice est visible et déploie le chatoiement de ses couleurs : Image réfléchie ou réverbération nous ne le saurons jamais. L’image obtenue est peut-être la mise en abîme d’un autre reflet ? L’objet réfléchi se décompose, s’inverse, se concentre ou s’atténue. Le dispositif mis en place par Jean-Jacques Guionnet fonctionne comme une machine à abstraire des éléments du réel : Guionnet crée des abstracts. Les photographies ne sont que des réminiscences de ce dispositif. A la manière des impressionnistes qui tentaient de capter les différentes variations de la lumière et de l’altération du décor en conséquence, Guionnet retranscrit un univers incorporel où seule la lumière et ses couleurs subsistent, la matrice qui provoque ces reflets, en sollicitant notre imaginaire, peut laisser penser par similitude à des nappes d’huiles ou bien à des apparitions fantomatiques de reflets translucides.
La matérialité n’est donc pas absente ni refusée car c’est d’elle que naît l’image, le réel est juste différé. Par la prédétermination du réflecteur (dont les motifs sont fonction du résultat souhaité par l’artiste : quadrige, losanges…), la lumière épouse les formes et fait ressortir le motif. Du miroitement à la transparence, avec le reflet nous sommes bien dans le virtuel et Jean-Jacques Guionnet repose la question de l’opposition actuel/virtuel. Le reflet induit une prise en compte par l’artiste de la notion de distance et interroge notre perception en une sorte d’énigme visuelle. La fugacité domine mais est cristallisée lors de la prise de vue photographique pour s’offrir à nous.