Mains d’Oeuvres, lieu pour l’imagination artistique et citoyenne, présente Réel Machine, la dernière création de Corps Collectif. Composé de treize performeurs, le Corps collectif est un laboratoire de recherche fondé en 2009 à l’initiative de Nadia Vadori-Gauthier, artiste, docteure en esthétique à l’université Paris 8 et praticienne somatique. A travers le mouvement, le Corps collectif explore les différents modes de perception et de représentation du corps. Le groupe de performeurs cherche à questionner et à repenser les notions de corps, d’image du corps et d’image scénique, et propose des alternatives à la représentation, système dominant de nos sociétés contemporaines qui peut tendre à nous séparer de nous-mêmes.
Réel Machine fait écho à la pensée d’Antonin Artaud, écrivain, poète et théoricien du théâtre qui propose de voir «l’achèvement de la réalité» comme finalité de l’art. L’homme de lettres donne l’exemple de Van Gogh qui, selon lui, a achevé la réalité en ouvrant dans ses œuvres «la porte occulte d’un au-delà possible, d’une réalité permanente possible». Van Gogh aurait su «faire jaillir [de ses toiles] une force tournante». En somme, les ondulations que l’on retrouve constamment dans sa peinture continueraient d’agir en dehors d’elle: c’est ce que le Corps collectif appelle le «champ vibratoire». Ainsi, ce n’est pas parce que l’on a vu des tournesols dans la réalité que l’on reconnaît le tournesol sur la toile de Van Gogh. C’est parce qu’on a vu Les Tournesols que l’on peut comprendre ce qu’est réellement un tournesol lorsqu’on en voit un. «Achever la réalité», ce serait donc assimiler la réalité ordinaire du tournesol tout en prenant conscience du champ vibratoire se dégageant de lui.