Lors du Festival d’automne à Paris, la chorégraphe chinoise Wen Hui présente Red – A Documentary Performance, une pièce créée en 2015 au Contemporary Art Museum de Shanghai.
Red : la révolution culturelle
Après avoir créé, plus de vingt ans auparavant, la première compagnie de danse chinoise indépendante, la chorégraphe et danseuse Wen Hui s’emploie patiemment à défaire les méandres de l’histoire de la Chine moderne. Conjuguant danse, théâtre et vidéo, Wen Hui s’attache dans Red à saisir la portée du ballet créé par l’épouse de Mao lors de la Révolution culturelle, Le Bataillon rouge des femmes. Pièce de propagande combinant techniques de danse occidentales et traditionnelles, Le Bataillon rouge des femmes met en scène la lutte entre communistes et nationalistes chinois, au cours des années précédant l’instauration de la République populaire chinoise.
Le sous-titre de Red, performance documentaire, indique à la fois clairement l’intention et la méthode de Wen Hui. D’abord travail documentaire utilisant photographies, et témoignages, Red entend faire de la danse et du théâtre les moyens d’une libre entreprise critique à même de révéler les effets de la révolution sur les individus. Et Wen Hui de préciser : «Je voulais que le film documentaire et la danse soient montrés ensemble, comme mixés ensemble, que la présence des corps sur scène et sur l’écran se mélangent, laissent place à une forme d’indistinction».
Red : le corps de l’histoire
Red porte ainsi au jour la vie dans les villes et les campagnes, la place de la mémoire individuelle et collective et celle réservée aux femmes, au travers de la confrontation des témoignages de celles ayant vécu les tumultes de la révolution et de celles qui en sont les héritières.
Il importe à Wen Hui que la chorégraphie soit une véritable incarnation du passé historique puisque, dit-elle, «nous utilisons le corps pour toucher l’histoire, penser l’histoire». Red met alors en scène les rapports particuliers, c’est-à -dire individuels, du corps à celle-ci et à la société.